La guerre d’Espagne

Chronologie [Wiquipedia]

1936

Carte générale de la Guerre d’Espagne. En rose : zone républicaine. En beige : zone nationaliste.

Situation en août/septembre 1936.

1937

Situation en octobre 1937.

1938

Situation en novembre 1938.

1939

Situation militaire en février 1939. En beige : zone nationaliste. En rose :zone républicaine.

L’ENLÈVEMENT DES CRUCIFIX DANS LES ÉCOLES

 

L’ENLÈVEMENT DES CRUCIFIX DANS LES ÉCOLES DE LA VILLE DE PARIS.
TITRE : L’enlèvement des crucifix dans les écoles de la ville de Paris
AUTEUR : GERLIER Léon ( – )
DATE DE CRÉATION : 1881
DATE REPRÉSENTÉE : 20/02/1881
DIMENSIONS : Hauteur 18,3 cm – Largeur 24,6 cm
LIEU DE CONSERVATION : musée Carnavalet (Paris) site we

Alexandre SUMPF, « L’enlèvement des crucifix dans les écoles », Histoire par l’image [en ligne], consulté le 11 février 2020. URL : http://www.histoire-image.org/etudes/enlevement-crucifix-ecoles

 

Une illustration de la « laïcisation » des écoles parisiennes

Souvent présentée à tort comme une illustration de l’un des effets de la loi du 28 mars 1882 sur la laïcité de l’enseignement public, L’Enlèvement des crucifix dans les écoles de la ville de Paris date en réalité de février 1881. L’image se réfère aux conséquences d’une décision prise le 9 décembre 1880 par le préfet de la Seine, Ferdinand Hérold, qui, en se fondant (de manière juridiquement ambigüe) sur un nouveau règlement du conseil départemental de l’Instruction publique de juillet 1880, ordonne de procéder à l’enlèvement des crucifix, vierges, tableaux et autres signes religieux des écoles de la capitale.

C’est donc l’une de ces scènes « d’enlèvement » que représente la gravure de presse publiée le 20 février 1881 dans le numéro 673 de La Presse illustrée. À l’instar d’autres journaux illustrés, dont le nombre et la diffusion explosent dans la seconde partie du XIXe siècle, notamment à Paris, le titre (et donc l’image ici étudiée) touche un large public, façonnant les consciences et les représentations au sujet de cet événement précis, mais aussi du contexte plus général dans lequel il s’inscrit.

Pour « les républicains » des années 1870-1880, en effet, la consolidation du régime politique organisé par les lois constitutionnelles de 1875 nécessite, entre autres, une réforme de l’instruction publique. Il s’agit de démocratiser mais aussi de « laïciser » l’école pour former le plus grand nombre de citoyens et diminuer l’influence de l’Église.

Sous l’impulsion du ministre de l’Instruction publique, Jules Ferry, plusieurs mesures concernant les écoles publiques sont votées :

  • la loi du 9 août 1879, qui prévoit la création des écoles normales primaires pour assurer la formation d’instituteurs laïcs destinés à remplacer le personnel congréganiste ;
  • la loi du 27 février 1880, qui entraîne l’exclusion des représentants de l’Église du Conseil supérieur de l’Instruction publique ;
  • la loi de mars 1880, qui organise l’expulsion de certaines congrégations religieuses, comme les jésuites ;
  • la loi du 16 juin 1881, qui instaure la gratuité de l’école publique ainsi que la nécessité d’être titulaire du brevet de capacité pour pouvoir enseigner dans les écoles élémentaires ;
  • enfin, la fameuse loi du 28 mars 1882, qui édicte l’obligation, pour les enfants des deux sexes, de fréquenter l’école de 6 à 13 ans et organise un enseignement laïc par différentes mesures, comme le remplacement de l’enseignement de la morale religieuse au profit d’une « instruction morale et civique », ou encore la suppression des signes religieux des salles de classe des écoles publiques.

ANALYSE DES IMAGES

Une représentation tragique et picturale

L’Enlèvement des crucifix dans les écoles de la ville de Paris est à l’origine un dessin de Léon Gerlier, repris en gravure de presse par V. Stablo.

De manière assez évidente, l’illustration s’inspire de certains mouvements picturaux « classiques » pour présenter une sorte de « scène d’enlèvement ». En effet, elle n’est pas sans rappeler certaines représentations doloristes de scènes religieuses « typiques » (martyrs chrétiens, Ascension, Crucifixion, etc.).

L’auteur a privilégié une approche tragique et symbolique, appuyée sur une composition binaire. Dans cette salle de classe d’une école de jeunes filles, l’opération de l’enlèvement du crucifix occupe la partie droite de l’image. Elle est effectuée par trois gendarmes en uniforme de la maréchaussée, qui ont apporté les outils nécessaires à cette tâche (échelle, marteau…). Ils sont manifestement placés sous l’autorité d’un représentant du pouvoir local, habillé en notable (costume, haut-de-forme, canne), qui ordonne du doigt de décrocher le signe religieux. On note également que deux des trois représentants des forces de l’ordre semblent confisquer d’autres éléments religieux (une bible ?).

À gauche de l’image, de l’autre côté de la porte ouverte par laquelle les gendarmes ont fait irruption, les jeunes élèves sont rassemblées en une sorte de masse. Elles semblent communier dans la souffrance ou, du moins, la stupéfaction, jusqu’à se fondre en un seul tout. Certaines petites filles, vêtues modestement, sont en pleurs, d’autres demandent ce qui se passe. Toutes sont effrayées, au moins choquées. Certaines cherchent du réconfort auprès de deux sœurs, qui ne sont pas moins effarées par ce qu’elles voient (l’une prie, l’autre est incrédule et accablée).

Quelques adultes (une femme élégante et un homme, notamment) se joignent à ce chœur. Parents, personnel de l’école ou simples témoins, ils semblent protester (l’homme lève les bras) ou, du moins, condamner ce qui se passe. Ils se rangent en tout cas symboliquement du côté des enfants.

INTERPRÉTATION

Une vision symbolique et critique

L’Enlèvement des crucifix dans les écoles de la ville de Paris pose plusieurs questions d’interprétation et appelle plusieurs précisions.

D’une part, l’école de filles dont il est question étant théoriquement une école publique (c’est à leur sujet que s’applique la décision du préfet), on peut s’étonner de la présence de religieuses. Il est possible que l’auteur du dessin ait déformé la réalité, mais il faut noter que la « laïcisation » du personnel scolaire des établissements publics, et notamment ceux de jeunes filles, a demandé un certain temps ; les religieux y étaient traditionnellement assez nombreux depuis longtemps et sont pour certains restés, faute d’agents formés par l’État. La présence de religieuses, qui ne sont pas forcément enseignantes, est donc crédible.

D’autre part, L’Enlèvement des crucifix dans les écoles de la ville de Paris figure volontairement une scène de violence. L’irruption de « l’ordre laïc » par la porte s’assimile à une agression, presque un viol, de l’espace à tous sens « sacré » de la classe, troublant de manière évidente (des hommes, des outils pointus et phalliques) une assemblée féminine que l’on imaginait paisible et douce. Cette violence, qui oppose le masculin et sa force à la vulnérabilité du féminin et de l’enfantin, semblerait aussi un peu sociale : le notable est bien mis, quand les jeunes filles semblent assez modestes (habits). L’illustration renvoie enfin au fait que la religion est, à cette époque en France, une pratique plus féminine que masculine.

La représentation suggère en tout cas la brutalité de la décision du préfet Hérold et de sa mise en application, préfet dont le notable impérieux et inflexible ici visible serait d’ailleurs comme le représentant. Ici, la laïcité n’apparaît pas seulement intransigeante : elle serait rigide, extrémiste, intolérante, blasphématoire, presque inhumaine.

Il est impossible cependant d’affirmer avec certitude que L’Enlèvement des crucifix dans les écoles de la ville de Paris propose une critique globale de la politique anticléricale portée par les républicains. Peut-être se concentre-t-elle sur le seul épisode parisien : il est en effet établi que cette opération de 1880-1881 fut menée sans prévention et sans ménagement, parfois, comme ici, devant les enfants, sans attendre que les classes soient vides, suscitant une vive émotion et indignant une partie de la population, au-delà des seuls cercles antirépublicains ou proreligieux. Elle provoqua même la colère de Jules Ferry, qui reprocha par lettres au préfet son impatience et sa radicalité contre-productive, le ministre décidant d’ailleurs d’y mettre momentanément fin avant de procéder, plus tard, avec plus de discrétion.

Espagne: Le Seconde République (1931)

L’arrivée de la République en Espagne représente l’aboutissement d’un processus historique de démocratisation et de modernisation politique ; le régime républicain dut affronter des défis considérables  dans un contexte particulièrement compliqué.

Or, le climat européen et même mondial n’aida point à la stabilité du nouveau régime. D’une part, la République est proclamée en pleine récession économique mondiale. D’autre part, au moment même où l’Espagne se dotait d’un régime démocratique, une bonne partie des États européens sombrait dans des dictatures plus ou moins fascistes. Ce climat économique et politique délétère allait peser lourdement dans l’avenir de la jeune République.

Mais les difficultés les plus graves allaient venir de l’intérieur. La modernité politique et sociale allait entrer violemment en contradiction avec les intérêts des oligarchies traditionnelles ainsi qu’avec les inerties d’une société traditionnelle très fortement influencée par l’Église. Enfin, l’impatience révolutionnaire du mouvement ouvrier, notamment des anarcho-syndicalistes, qui accusèrent rapidement la République de servir les seuls intérêts de la bourgeoisie, sera un important élément de la déstabilisation politique et du malaise social dont les secteurs conservateurs allaient responsabiliser le régime républicain lui-même.

Les phases de la République

  • Le « bienio » réformateur. De 1931 à 1933, l’alliance des républicains de centre gauche et des socialistes permet de faire voter une constitution démocratique et laïque, de donner satisfaction aux revendications des régionalistes et d’adopter une réforme agraire encore timide, mais les anarcho-syndicalistes s’impatientent et l’opposition de droite s’organise.
  • Le « bienio » rectificateur. Les élections de 1933 dégagent une majorité parlementaire décidée à revenir sur les réformes précédentes. Pour faire échec à ce qu’ils considèrent comme une marche vers le fascisme, socialistes et anarcho-syndicalistes cherchent à déclencher une révolution.
  • Le Front populaire. La répression qui suit incite les républicains et les socialistes à s’unir de nouveau pour demander une amnistie et pour préparer leur retour au pouvoir. C’est chose faite en février 1936. Battue par le suffrage universel, la droite autoritaire ne voit alors de salut que dans un soulèvement  armé.

 

La République s’attaque dès le début à plusieurs réformes importantes, portant sur :

  • La répartition des terres ;
  • Les nationalismes (notamment par l’octroi du droit de solliciter un statut d’autonomie, quoique la République n’ait pas été conçue initialement comme fédéraliste) ;
  • Les relations entre l’Église et l’État ;
  • La réorganisation de l’Armée ;
  • Le monocaméralisme ;
  • L’extension du suffrage universel aux femmes et aux soldats ;
  • La création d’un Tribunal de Garanties, pour régler les problèmes d’inconstitutionnalité ;
  • La reconnaissance de la propriété privée, bien que l’État se soit réservé le droit de l’annuler si le bien commun l’exigeait ;
  • La renonciation à la guerre et l’adhésion à la Société des Nations.

Le 28 juin 1931 ont eu lieu des élections aux Cortès constituantes, qui donnent le triomphe à une majorité des républicains et à des socialistes.

Les Cortès font rédiger une Constitution démocratique et autonomiste, inspirée de la Constitution de Weimar ; la nouvelle constitution fait de l’Espagne une République des travailleurs de toutes les classes, un État intégral, compatible avec l’autonomie des Municipalités et des Régions.

La Constitution a été approuvée le 9 décembre 1931 et dans les débats parlementaires se sont posés des problèmes sérieux dans la discussion des articles relatifs à la suppression de l’enseignement religieux dans les écoles et la possibilité de dissoudre les ordres religieux. La discussion a provoqué la première crise ministérielle. Les catholiques Niceto Alcala Zamora et Antonio Maura démissionnent.

Dans une tentative d’attirer vers les secteurs des républicains plus modérés, Manuel Azaña est nommé chef du gouvernement et Alcala Zamora président de la République.

Chapitre 1 du film La Conquête démocratique en Espagne. Le contexte socio-politique en Espagne à la fin de la Monarchie ; 1931, la 2e République espagnole sans violence ; les réformes de Manuel Azaña ; la victoire de la droite en 1934 ; les forces politiques en présence et la situation explosive ; l’importance de l’anarcho-syndicalisme.

 

 

La Conquête démocratique en Espagne. Le front populaire de 1936 ; l’instabilité politique en Espagne ; les violences entre les extrêmes ; le coup d’état, le Golpe ; les premiers jours et la réaction populaire des Républicains.

La première guerre mondiale 1914-1918

Pourquoi la guerre a t-elle éclaté en 1914 ?

Les alliances des pays européens en 1914

L’année 1914 voit la fin d’une période appelée « la Belle Epoque« , où deux camps se sont formés en Europe. En effet, à partir des années 1890, la course à l’expansion coloniale explose et entraîne des rivalités économiques, politiques et coloniales.Ce qui aboutit à la réalisation de systèmes d’alliance : la Triple Alliance est conclue entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie entre 1879 et 1882. En face la Triple Entente avec la France qui s’allie avec la Russie et le Royaume-Uni entre 1891 et 1914.

Les causes de la guerre sont avant tout une histoire de territoire : la France désire prendre sa revanche et récupérer l’Alsace et la Lorraine, perdues dans le conflit de 1870 avec la Prusse; l’Allemagne cherche à conquérir de nouveaux territoires comme les autres pays européens. En effet, la France et le Royaume-Uni ont de vastes colonies en Afrique et en Asie; Le Royaume-Uni s’inquiète du développement de la flotte allemande, qui menace sa prépondérance en mer; L’Empire austro-hongrois cherche à étendre son territoire vers les Balkans et veut donc annexer la Serbie, qui a l’appui de la Russie grâce à des liens culturels et politiques anciens.

Un événement met le feu aux poudres : le 28 juin 1914, l’archiduc François Ferdinand, héritier du trône de l’Empire austro-hongrois, en visite à Sarajevo est assassiné par un étudiant serbe nationaliste (hostile à l’annexion de la Serbie par l’Autriche Hongrie). Le 28 juillet, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie, qu’elle pense être impliquée dans l’assassinat. Aussitôt le jeu des alliances s’enclenche. La Russie entre en guerre aux côtés de la Serbie contre l’empire austro-hongrois. L’Allemagne prend peur de la mobilisation russe et française et déclare la guerre à la Russie le 1er août puis à la France le 3 août. Très vite, le conflit touche presque tous les pays d’Europe.

Comment se déroule cette guerre ?

En été 1914 le début de cette guerre est marqué par de grandes offensives : la guerre de mouvement commence. Les Allemands envahissent le nord de la France. Les troupes françaises les font reculer lors de la bataille de la Marne en septembre. Comme aucun camp ne remporte la victoire, à partir de l’hiver 1915, une nouvelle stratégie est mise en place. C’est la phase de la guerre de position qui dure 3 ans : les armées creusent des tranchées pour s’y enterrer et empêcher l’ennemi de progresser. De violents et longs combats s’engagent entre les deux camps à Verdun puis à la Somme.

En 1917 la lassitude s’installe et des mutineries et des désertions de soldats commencent au Chemin des Dames. Pour paralyser l’économie des pays de la Triple Alliance, la Triple Entente leur impose un blocus. L’Allemagne réplique, en lançant une guerre maritime, elle attaque de nombreux bateaux et sous-marins, dont ceux des Américains. Ce qui déclenche l’entrée des Etats-Unis dans le conflit du côté de la Triple Entente.

En 1918, la guerre de mouvement recommence. Les Allemands font une grande offensive à l’ouest. Cependant, ils ne peuvent résister à la contre-offensive de la Triple Entente, aidée des Américains. Menacée d’être envahie, l’Allemagne signe l’armistice le 11 novembre 1918 à Rethondes. Cette guerre laisse l’Europe dévastée et compte des millions de morts. La carte de l’Europe change : l’empire russe et austro-hongrois s’effondrent et de nouveaux Etats comme la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie voient le jour.

Vocabulaire :

la Belle Epoque = période historique qui se situe entre 1895 et 1914, où des progrès technologiques, économiques et sociaux apparaissent

annexer = un Etat prend possession d’un autre Etat

mettre le feu aux poudres = faire éclater / déclencher

une offensive =une attaque

la lassitude = une grande fatigue physique et morale

être dévasté(e) = détruit(e)

voir le jour = naître

la Marne, Verdun, la Somme et le Chemin des Dames = ce sont des villes au nord-ouest de la France

1851-1870 Le Second Empire et la France épanouie

1851-1870. Le Second Empire et la France épanouie [Alban Dignat, herodote.net]

Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er, a conduit les destinées de la France pendant près de deux décennies, du coup d’État de 1851 à la défaite de 1870, durant une période qualifiée de Second Empire (le premier Empire étant celui fondé par son oncle).

Lui-même, en restaurant l’empire, a pris pour nom de règne Napoléon III (le nom de Napoléon II étant réservé au fils de Napoléon 1er, qui n’a jamais régné). D’emblée, il a instauré un régime dictatorial et limité très strictement la liberté d’expression. Mais au fil des années, le régime a évolué vers des formes plus libérales, proches d’un régime parlementaire.

Pendant ces deux décennies, la France va se transformer plus vite qu’à aucune autre époque de son Histoire. Elle va s’ouvrir à la révolution industrielle, se doter d’infrastructures et d’un urbanisme encore en usage, mais aussi jeter les fondements d’un deuxième empire colonial.

De l’empire autoritaire à l’empire libéral

Napoléon III prend sans attendre des mesures pour limiter la liberté d’expression de la presse et mettre l’Université au pas.

Au demeurant, la grande masse des citoyens et du peuple se rallient d’assez bon gré, y compris les orléanistes, partisans de la monarchie, et certains leaders républicains sincères, tels Émile Ollivier ou encore l’historien Victor Duruy.

L’empereur y met du sien. Habilement, il consacre sa liste civile à ses relations publiques. C’est la « fête impériale », aux rythmes de la musique d’Offenbach. Avec l’impératrice Eugénie, il anime une vie de cour brillante, aux Tuileries (Paris), à Fontainebleau et à Compiègne, sans oublier les stations thermales et balnéaires créées sous son égide comme Deauville, Monte-Carlo, Biarritz et Vichy.

Cette cour est ouverte à toute la bourgeoisie sans esprit de classe et se montre accueillante pour les gens de lettres. Chacun a droit à une invitation dans le cadre des « séries » qui se succèdent chaque année à Compiègne.

Après le Congrès de Paris et la naissance du Prince Impérial en 1856, le régime est à son apogée. Napoléon III se résout à lâcher du lest. D’autoritaire, l’empire va devenir dès lors progressivement libéral. Les élections de 1869 donnent 45% de voix à l’opposition. Napoléon III en prend acte et appelle au gouvernement Émile Ollivier, le chef du « tiers parti », qui rassemble les orléanistes et les républicains modérés.

Cet empire parlementaire reçoit la caution populaire par le plébiscite du 8 mai 1870 : 7,350 millions de oui , un million et demi de non. La guerre et la défaite de Sedan vont tout emporter et même gommer les acquis incontestables de ces deux décennies…

Révolution économique et sociale

Au Paradis des Dames, affiche publicitaire, 1856, BnF, Paris.

La société française s’est transformée sous l’impulsion de Napoléon III plus vite qu’en aucune autre période de son Histoire. C’est à cette époque qu’elle a accompli sa révolution industrielle.

L’empereur prend lui-même en main la politique économique et sociale du gouvernement.

Convaincu des bienfaits du libre-échange, il signe en 1860 un traité de libre-échange avec le Royaume-Uni. Il institue aussi une union monétaire, l’Union latine, qui a englobé jusqu’à la Première Guerre mondiale de nombreux pays. Enfin, il accorde le droit de grève aux ouvriers.

Révolution culturelle

Avec son ministre Victor Duruy, l’empereur relance l’instruction publique.

Paris change aussi de visage. Napoléon III engage à marches forcées la rénovation de la capitale avec le baron Haussmann, préfet de la Seine.

Outre-mer, au Sénégal, au Cambodge, en Cochinchine, en Nouvelle-Calédonie, les troupes marines de Napoléon III jettent les bases d’un nouvel empire colonial que la IIIe République aura à coeur d’étendre.

Le gouvernement impérial voit dans les conquêtes coloniales une occasion de manifester la grandeur de la France.

Déboires diplomatiques

Mais Napoléon III, imbu de principes humanitaires et désireux de faire prévaloir en Europe le «principe des nationalités» (une nation, un pays), mène par ailleurs une diplomatie brouillonne.

C’est ainsi qu’il s’engage aux côtés du Royaume-Uni dans une guerre, victorieuse mais éprouvante contre la Russie, en Crimée. Il intervient aux côtés des chrétiens d’Orient puis entraîne la France dans de graves déconvenues, au Mexique comme en Italie.

Enfin, gravement affaibli par la maladie et poussé de l’avant par l’opinion publique, elle-même manipulée par l’habile chancelier allemand Bismarck, il engage une guerre désastreuse contre les armées de la Prusse et des autres États allemands.

Cette guerre va lui coûter son trône et occulter le bilan de son règne.

Histoire du Second Empire

Georges Clemenceau (8 mars 1918)

Georges Clemenceau, ministre de la Guerre et Président du Conseil, s’est présenté devant les députés le 20 novembre 1917 avec « l’unique pensée d’une guerre intégrale ». Sa détermination le conduit à s’impliquer directement dans la conduite des opérations militaires. Ce discours est prononcé cinq jours après le traité de Brest-Litovsk qui acte la défection de la Russie bolchévique ; sous l’impulsion de Clemenceau, le commandement unique des forces alliées revient au général Foch. Il dresse le portrait d’une France apaisée et tournée vers la victoire, alors que la guerre épuise la population et les soldats au front et que le jour même, des obus allemands ont touché le ministère de la Guerre. A l’issue de ce discours, il obtient la confiance par 374 voix contre 41.

M. Georges Clemenceau, président du Conseil, ministre de la Guerre : J’aurai voulu m’associer pleinement aux paroles de monsieur Renaudel et je l’aurais fait s’il n’avait cru devoir me mettre personnellement en cause pour m’accuser de crimes politiques déterminés : c’est ce sur quoi je tiens à m’expliquer.

D’abord, je n’ai pas à répondre de faits qui ne sont pas de mon administration : et je m’étonne que monsieur Renaudel, qui est déjà un vieux parlementaire, puisse sérieusement me demander de monter à la tribune pour justifier des actes dont je n’ai pas eu connaissance et dont je ne suis pas responsable.

Je n’ai pas à l’admettre. Je suis à la tribune pour discuter un point seulement, à savoir qu’on m’accuse de laisser faire des campagnes et qu’on m’en rend responsable. J’en suis bien fâché, vous êtes de grands libertaires, mais, pendant trois ans, vous avez vraiment pris un peu trop facilement l’habitude d’être protégés par la censure, tandis que vos adversaires ne l’étaient pas.

(Applaudissements sur divers bancs. Interruptions sur les bancs du Parti socialiste.)

J’ai connu un temps où ce même monsieur Léon Daudet, dont vous parlez aujourd’hui, me mettait en vedette d’ignominie et de honte, chaque jour, en tête de chaque numéro de son journal.

Non seulement la censure laissait faire, mais c’est moi qui étais blanchi par cette même censure. J’ai connu un temps où il ne m’était pas permis de rappeler sans être immédiatement écharpé, qu’avant la guerre et quelques jours même avant la guerre, vous votiez contre les crédits militaires. (« Très bien ! Très bien ! » à gauche et au centre.)

Je suis bien obligé de rappeler cela puisque vous me forcez à m’expliquer. Je ne suis monté à la tribune, ni pour engager des querelles, ni pour polémiquer ; mais enfin, puisque je suis perpétuellement attaqué à propos de faits que je n’ai pas connus et que je n’ai pas commis, il me sera bien permis de m’expliquer sur la doctrine du gouvernement. C’est pour exposer cette doctrine que j’ai demandé la parole, afin qu’il soit bien entendu, dans le vote que vous émettrez tout à l’heure – et qui sera un vote sur la confiance -, que les républicains continuent d’avoir confiance dans les libertés.

On fait des campagnes contre tel ou tel d’entre vous et vous vous en étonnez. Messieurs, voilà cinquante ans qu’on en fait contre moi. (Mouvements divers.)

Quand m’a-t-on entendu m’en plaindre en quelque manière que ce soit ? Il m’est arrivé de répondre, il m’est arrivé de dédaigner et de ne pas lire. Soyez sûrs que c’est encore le meilleur remède.

Aujourd’hui, vous me demandez sérieusement d’arrêter des campagnes contre telle ou telle personnalité.

Sur divers bancs du parti socialiste : Mais non !

[…]

M. le président du conseil : Je suis monté à la tribune pour vous poser une question de gouvernement Elle sera posée, malgré vous, contre vous ou avec vous, suivant ce que vous déciderez, mais elle sera posée et elle sera suivie d’un vote de chambre. (« Très bien ! Très bien ! »)

Je dis que les républicains ne doivent pas avoir peur de la liberté de la presse. (Applaudissements. Interruptions sur les bancs du Parti socialiste.)

N’avoir pas peur de la liberté de la presse, c’est savoir qu’elle comporte des excès. C’est pour cela qu’il y a des lois contre la diffamation dans tous les pays de liberté, des lois qui protègent les citoyens contre les excès de cette liberté.

Je ne vous empêche pas d’en user. Il y a mieux : il y a des lois de liberté (Interruptions sur les bancs du Parti socialiste) dont vous pouvez user comme vos adversaires ; rien ne s’y oppose ; les voies de la liberté vous sont ouvertes ; vous pouvez écrire, d’autres ont la liberté de cette tribune ; ils peuvent y monter comme vient de le faire l’honorable monsieur Painlevé. De quoi vous plaignez-vous ? Il faut savoir supporter les campagnes ; il faut savoir défendre la République autrement que par des gesticulations, par des vociférations et par des cris inarticulés. (Applaudissements au centre et à droite. Exclamations et bruits sur les bancs du Parti socialiste.)

Parlez, discutez, prouvez aux adversaires qu’ils ont tort et ainsi maintenez et gardez avec vous la majorité du pays qui vous est acquise depuis le 4 septembre.

Voilà la première doctrine que j’ai à établir,

[…]

La seconde, dans les circonstances actuelles, c’est que nous sommes en guerre, c’est qu’il faut faire la guerre, ne penser qu’à la guerre, c’est qu’il faut avoir notre pensée tournée vers la guerre et tout sacrifier aux règles qui nous mettraient d’accord dans l’avenir si nous pouvons réussir à assurer le triomphe de la France.

Je comprends très bien, comme on l’a dit que, malgré cette situation, on vienne ici traiter des affaires de trahison, parce que c’est une partie de la guerre. Un jour, monsieur Renaudel disait que le cri : « Nous sommes trahis ! » était un cri de lâcheté. Peut-être !

La révolution remporterait la victoire au cri de : « Nous sommes trahis ! ». Dans ce temps-là, il y avait sur la place de la Concorde … (Bruits et interruptions sur les bancs du Parti socialiste.)

[…]

… Dans ce temps-là, il y avait sur la place de la Concorde un instrument de concorde. (« Très bien ! Très bien ! ».)

Aujourd’hui, notre devoir est de faire la guerre en maintenant les droits du citoyen, en sauvegardant non pas la liberté, mais toutes les libertés. Eh bien ! Faisons la guerre.

Interrogez-nous sur les procès de trahison. Dites que nous avons mal agi, dites que les administrations qui m’ont précédé ont mal administré la justice. C’est votre affaire. Vous trouverez toujours quelqu’un pour vous répondre.

Je suis aujourd’hui en face d’événements qui se préparent et que vous connaissez tous, auxquels je dois faire front, sur lesquels il faut absolument que ma pensée soit courbée, je pourrais dire chaque heure du jour et de la nuit. Aidez-moi vous-mêmes, mes adversaires ! (Interruptions sur les bancs du Parti socialiste.)

Sur les bancs du parti socialiste : Nous n’avons pas le même but ! Vive l’homme enchaîné !

M. le président du Conseil : Alors, vous l’avez dit: « Nous n’avons pas le même but. » Je n’aurais pas voulu le croire.

Il m’est arrivé un grand malheur à la naissance de mon ministère. J’ai été frappé d’exclusive par monsieur Renaudel et ses amis, avant qu’ils sachent ce que je pourrais dire ou faire. Ils ont décidé, en vertu d’une noble science dogmatique, que j’étais un danger pour la classe ouvrière et pour la défense nationale.

[…]

Pour ce qui est de la défense nationale, j’estime que pour prononcer qu’un gouvernement est un danger pour la défense nationale, il serait nécessaire d’apporter des faits au lieu d’une opinion dogmatique qui n’est pas justifiée par les événements.

M. Antoine Drivet : Vous l’avez dit de vos prédécesseurs !

M. le président du Conseil : Qu’ai-je dit ?

M. Antoine Drivet : La même chose de vos prédécesseurs.

M. le président : Veuillez, je vous prie, ne pas troubler inutilement la discussion par des interruptions. Vous répondrez.

M. le président du Conseil : Je ne suis pas un danger pour la défense nationale parce que je ne puis avoir aucune ambition en ce monde ; rien d’autre ne m’est permis que le désir ardent d’aider, dans la mesure de mes forces, mon pays à sortir de la situation où il se trouve. (Applaudissements.)

[…]

Croyez-vous que ce soit pour le plaisir de subir vos malédictions, vos injures et vos outrages, écrits ou parlés, que je suis à cette tribune en ce moment ?

Si vous le croyez, je vous plains, je ne suis pas cet homme.

Et je vais vous dire toute ma pensée ; après vous me combattrez comme vous voudrez. À mesure que la guerre avance, vous voyez se développer la crise morale qui est la terminaison de toutes les guerres. L’épreuve matérielle des forces armées, les brutalités, les violences, les rapines, les meurtres, les massacres en tas, c’est la crise morale à laquelle aboutit l’une ou l’autre partie. Celui qui peut moralement tenir le plus longtemps est le vainqueur. Et le grand peuple d’Orient qui a subi historiquement, pendant des siècles, l’épreuve de la guerre, a formulé cette pensée en un mot :

« Le vainqueur c’est celui qui peut, un quart d’heurt de plus que l’adversaire, croire qu’il n’est pas vaincu. »

Voilà ma maxime de gouvernement. Je n’en ai pas d’autre. (« Très bien ! Très bien ! ».)

Au fond de toutes les lois de la nature humaine, il y a une formule très simple à laquelle il faut toujours finir par se rallier. Je suis entré au gouvernement avec cette idée qu’il faut maintenir le moral du pays.

Un membre sur les bancs du parti socialiste : Vous avez réussi !

M. le président du Conseil : Le moral est excellent. Vous n’êtes pas détenteurs d’une recette de morale qui vous soit particulière – c’est le grand malheur des églises -, car vous n’êtes qu’une église…

(« Très bien ! Très bien ! »)

M. Charles Bernard : Une petite église!

M. le président du Conseil : Messieurs toute ma politique tend à ce but : maintenir le moral du peuple français à travers une crise qui est la pire de toute son histoire.

[…]

Parmi nos actes, quels qu’ils soient, je vous défie d’en trouver un qui ne soit inspiré de cette unique pensée : sauvegarder l’intégrité de l’héroïque moral du peuple français. Cela nous le voulons, cela nous le faisons, cela nous continuerons à le faire.

Ce moral a été admirable, quoi que vous en disiez.

M. Joseph Brenier : Nous en sommes convaincus.

M. le président du Conseil : II n’en est pas moins vrai qu’il y a eu des heures où l’on n’aurait pas pu monter à cette tribune pour tenir le langage que je tiens. Je n’incrimine personne, ce n’était pas la faute des hommes, mais d’une situation générale sur laquelle je n’ai rien à dire. Mais, aujourd’hui, c’est une chose énorme pour le pays de pouvoir penser et lever la tête, regarder les amis et les ennemis les yeux dans les yeux, et de se dire :
«Je suis le fils d’une vieille histoire qui sera continuée, mon peuple a écrit, mon peuple a pensé, ce qu’il a fait. Nos neveux l’écriront, nos neveux le penseront. Nos neveux le feront. »

(Applaudissements.)

Voilà pourquoi je suis au gouverne­ment et pas pour autre chose. Le moral de nos soldats fait l’admiration de leurs officiers, comme de tous ceux qui vont les voir. Pas d’excitation, une sérénité d’âme au-dessus de l’étonnement, des propos tranquilles et gais, un bon sourire de confiance, et quand on parle de l’ennemi, un geste auquel s’ajoute quelquefois une parole qui fait comprendre que tous ces efforts viendront s’épuiser devant le front français. (Applaudissements.)

Et les parents de ces hommes, les pères, les mères, nous les connaissons : stoïques eux aussi. Pas de plaintes, pas de récriminations. Que la paix publique ait pu être maintenue comme elle l’a été pendant quatre ans, c’est à l’éloge, je le dis, des gouvernements précédents. (« Très bien ! Très bien ! ») Et aussi du peuple français lui-même. (Applaudissements.)

Cela, il faut le continuer, mais il y a peut-être des milieux où cela est devenu plus difficile qu’autrefois.

Il y a l’excuse de la fatigue, des mauvaises paroles, il y a l’excuse des propos semés par des agents de l’ennemi ; il y a l’excuse de la propagande allemande. Mais malgré tout cela, le moral des Français est immuable. Les civils ne sont pas au-dessous des poilus. (Applaudissements.)

Eh bien, messieurs ! Voilà quatre mois que nous sommes au pouvoir. Je ne veux pas m’attribuer le mérite de ce résultat ; je n’en ai pas un instant la pensée, mais nous avons peut-être concouru à le maintenir, à l’aider, en tout cas. Moi et mes collègues, j’en suis bien sûr, nous nous y sommes tout uniquement consacrés. Je ne viens pas vous demander l’ordre du jour de confiance ; je ne le ferai que parce que vous m’y obligez. Aujourd’hui, je serais resté à mon banc si vous ne m’aviez pas provoqué ; je ne serais pas monté à cette tribune ; j’y monte.

Mais, au moins, ne vous prononcez pas contre moi parce qu’il y a je ne sais quelle histoire de dossier égaré dans tel ou tel tiroir, dans tel ou tel bureau. Ayez le courage de votre opinion, dites pourquoi vous votez contre moi. Vous votez contre moi parce que vous voulez la guerre sans doute, mais pas par les procédés qui sont les miens. J’aurai le courage d’aborder ce point avant de finir. On dit : « Nous ne voulons pas la guerre, mais il faut la paix le plus tôt possible. »

Ah ! Moi aussi, j’ai le désir de la paix le plus tôt possible et tout le monde la désire. Il serait un grand criminel celui qui aurait une autre pensée, mais il faut savoir ce qu’on veut. Ce n’est pas en bêlant la paix qu’on fait taire le militarisme prussien. (Vifs applaudissements à gauche, au centre et à droite.)

Tout à l’heure, monsieur Constant me lançait une petite pointe sur mon silence en matière de politique étrangère. Ma politique étrangère et ma politique intérieure, c’est tout un. Politique intérieure, je fais la guerre ; politique étrangère, je fais la guerre. Je fais toujours la guerre. (Applaudissements sur les mêmes bancs. Mouvements divers.)

 

HISTOIRE DE FRANCE: 1789-1958

Plan du thème

  1. La fin de l’Àncien Régime.
    La Revolution Française.
    Les cahier de doléances.
    Les États Généraux (1789). LOUIS XVI.
    Assemblée nationale constituante (1789-1791: 
    abolition des privilèges et des droits féodaux, Déclaration des droits de l’homme et du Citoyen (26 août 1789), nationalisation des biens du clergé, creation des départaments, Constitution civile du clergé i drapeau tricolore.

    Assemblée législative (1791-1792). 
    La Ire République (1792-1799).
    Elle est née d’un mouvement révolutionnaire au coeur même de la Revolution française. La chute définitive de la monarchie constitutionnelle le 10 août 1792 ouvre le chemin à l’expérience républicaine.
    La Ire République est proclamée par la Convention le 21 septembre 1792. Elle est marquée par plusieurs expériences de gouvernement: La Convention (1792-93), Le Comité de salut public (1793-94), Le Convention thermidorienne (1794-1795) i Le Directoire (1795-1799)
    Elle s’achève avec le coup d’État du 18 Brumaire (9 novembre 1799) et le prise de pouvoir de NAPOLÉON BONAPARTE.

    Le gouvernement révolutionnaire.
    Le Directoire.
    Les acquis de la révolution.
  2. Le consulat (1799-1804).
    L’Empire(1804-1815).
    La Restauration (1815-1830).
    La Monarchie de Juillet (1830-1848).
  3. La révolution de 1848 ets la IIème République.

    Lamartine rejects the red flag in 1848 (oil on canvas) – Philippoteaux, Felix (c.1815-84) – Musee de la Ville de Paris, Musee du Petit-Palais, France

    Le 24 février 1848 c’est l’avènement de la IIe République. Son existence fut de courte durée mais elle apporta des droits nouveaux aux citoyens, un vent de liberté, des progrès dans le domaine social.

    A. comme Abdication

    Après trois jours d’insurrection le roi Louis-Philippe -18 années de règne-, lâché par la Garde nationale qui fraternise avec les insurgés, abdique le 24 février 1848 en faveur de son petit-fils, le comte de Paris. Mais il est trop tard: la dynastie est balayée par la révolution. Le roi, qui n’a pas perçu l’aspiration du peuple à une réforme du pays, prend le jour même hâtivement le chemin de l’exil (Londres).

    B. comme Banquet

    C’est l’interdiction d’un banquet républicain à Paris le 22 février qui conduit à la révolte populaire et à la Seconde République. Il s’agit d’un repas public et politique (discours). Ces banquets sont le moyen de contourner l’interdiction des réunions politiques et permettent d’échanger, de propager des idées libérales (réformes électorales et parlementaires). De juillet 1847 à février 1848, soixante-dix banquets se tiennent en France.

    C. comme Constitution

    La Constitution de 1848.

    La Constitution de la Seconde République est promulguée le 4 novembre 1848. Elle instaure un régime républicain représentatif. Le Parlement est constitué d’une seule chambre, 750 membres siègent à l’Assemblée nationale permanente. Quant au pouvoir exécutif il est composé du Président de la République et des ministres.

    D. comme Droit au travail

    Le 25 février 1848 le droit au travail est proclamé par le gouvernement provisoire -il ne sera pas retenu dans la Constitution. Cette idée est portée par Louis Blanc, théoricien du socialisme. Aussi afin de fournir un travail aux ouvriers chômeurs parisiens des «ateliers nationaux» sont créés deux jours plus tard: en échange d’un petit revenu ils font des travaux de terrassement ou de voirie.

    E. comme Esclave

    Le 27 avril 1848 l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises est décrétée, sans période transitoire. C’est Victor Schoelcher, sous-secrétaire d’États aux Colonies, qui mène les négociations en mars-avril. Cet acquis de la IIe République est l’aboutissement d’un combat mené depuis un siècle par les abolitionnistes.

    F. comme Fraternité

    C’est sous la Seconde République que «Liberté, Égalité, Fraternité» -hérité de la Révolution Française- devient la devise officielle de la République. La Fraternité est énoncée comme un principe de la République française (démocratique, une et indivisible) dans le Préambule de la Constitution.

    G. comme Gouvernement provisoire

    Le gouvernement provisoire de la IIe République.

    Un gouvernement provisoire est formé à l’initiative de députés républicains (Ledru-Rollin, Lamartine, Dupont de l’Eure) le 24 février 1848. Il s’installe à l’Hôtel de ville où il est complété le soir même par d’autres personnes dont François Arago, Adolphe Crémieux (avocat), et un ouvrier mécanicien, Albert -imposé par les insurgés. Ces onze membres (dont sept sont ministres) sont issus d’origines sociales diverses et appartiennent à des courants différents (modérés, radicaux, socialistes). Cette hétérogénéité complique parfois les discussions et négociations. Le gouvernement, qui est à l’œuvre du 24 février au 9 mai 1848, prend de nombreuses mesures importantes dès les premières semaines.

    J. comme Journées de juin

    Le 22 juin 1848 les députés nouvellement élus suppriment les ateliers nationaux, qu’ils jugent coûteux -plus de 100.000 inscrits et pas assez de chantiers pour répondre à la demande. Et surtout dangereux: ils appréhendent une agitation ouvrière, en raison de la concentration et de la propagation d’idées subversives. Mais cette décision provoque précisément une insurrection populaire du 23 au 26 juin: les barricades fleurissent de nouveau à Paris, les combats sont violents et meurtriers. Elle est matée en trois jours -les insurgés sont fusillés, prisonniers et parfois déportés- mais cette répression sanglante coupe la République des ouvriers, qui se sentent trahis.

    L. comme Lamartine

    C’est l’homme de lettres Alphonse de Lamartine qui proclame la République à l’Hôtel de ville le 24 février au soir -elle l’est solennellement le 4 mai par l’Assemblée. Membre influent du gouvernement provisoire il est également ministre des Affaires étrangères. En avril 1848 il est élu triomphalement député à l’Assemblée nationale constituante. Et participe activement aux débats consacrés à l’organisation et au fonctionnement de la Seconde République: la Constitution comprend une grande partie de ses idées.

    P. comme Peine de mort

    Trois jours après la proclamation de la République, le 27 février, le gouvernement provisoire prend une mesure très symbolique: il abolit par décret la peine de mort en matière politique, qui n’est plus en vigueur depuis des années. Cette suppression est un moyen d’exorciser le spectre de la Terreur. Elle est retenue dans la Constitution de 1848 (article 5 du chapitre II).

    R. comme Régime présidentiel

    Louis-Napoléon Bonaparte(1808-1873), Président de la Seconde République, prête serment sur la Constitution de 1848 en décembre.

    La Seconde République instaure un régime présidentiel. Le Président est élu à la majorité relative pour un mandat de quatre ans. Et n’est rééligible qu’après un intervalle de quatre années. Il nomme les ministres, est responsable des actes du gouvernement, dispose de la force armée mais ne la commande pas, négocie et ratifie les traités. Le 10 décembre 1848 Louis-Napoléon Bonaparte -qui bénéficie de la notoriété de son oncle Napoléon Ier et du discrédit de l’Assemblée conservatrice- est largement élu président avec 74% des suffrages exprimés.

    S. comme Suffrage universel

    En vue de la constitution d’un gouvernement définitif et de la mise en place des institutions, un décret du 5 mars 1848 prévoit la tenue de l’élection de l’Assemblée constituante pour avril. Et pour la première fois le vote n’est pas soumis à des conditions de revenu (cens): le suffrage est universel et direct. C’est l’un des apports essentiels de cette IIe République. Mais il concerne uniquement les hommes âgés d’au moins 21 ans.

    V. comme Vaincue

    La jeune République est vaincue par Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851. Ne parvenant pas à faire modifier la Constitution pour pouvoir briguer un second mandat, il fait un coup d’État: arrestation des opposants politiques (monarchistes et républicains), dissolution de l’Assemblée. La IIe République n’est plus.[Le Figaro, 23-2-2108]

    La loi du 31 mai 1850, réduisant le corps électoral, suscite des critiques. Sur cette caricature d’Honoré Daumier, les chefs conservateurs font goûter leur « cuisine » électorale à une France visiblement dégoûtée

    ***************************************************

    La Deuxième République, issue des révolutions de 1848, ne sera qu’un intermède avant la restauration de l’Empire.
    La révolution républicaine et bonapartiste de février 1848 (une vingtaine de morts, la Garde nationale bourgeoise n’étant pas contre la révolution) aboutit à l’élection, au suffrage universel direct, d’une Assemblée nationale constituante.

    En réalité personne ne souhaitait vraiment rétablir le suffrage universel direct, utilisé passionnellement sous la Révolution : la bourgeoisie libérale modérée craignait que le peuple ne vote pour les républicains socialistes mais les républicains craignaient que les notables bourgeois de province ne fassent voter le peuple contre les révolutionnaires parisiens.
    C’est ce qui se produisit aux élections du 23 avril 1848 (9 395 035 inscrits, 7 835 327 votants): la province vota contre Paris en donnant à l’Assemblée nationale constituante une majorité modérée (80 socialistes, 600 républicains modérés et orléanistes, 200 légitimistes).

    La tentative de révolution socialiste des 23/26 juin 1848 fut écrasée sous la direction du général Louis Eugène Cavaignac (1802-1857) par la Garde nationale (bourgeoise) et l’armée ( environ 4000 morts chez les insurgés, 800 pour la Garde nationale et 800 pour l’armée) l’Assemblée nationale constituante élabora un texte de compromis apte à permettre le maintien de l’ordre social libéral.

    Au cours des journées de juin, Eugène Cavaignac, fervent républicain, est devenu chef du gouvernement, et le reste jusqu’en décembre

    La Constitution du 4 novembre 1848
     Précédée d’un Préambule la Constitution organise un régime présidentiel “à l’américaine”.
    Le Préambule : Des droits et des devoirs

     Les principes fondamentaux sont proclamés “En présence de Dieu et au nom du Peuple français” :
    – la France est une République démocratique, une et indivisible, dont l’objectif est la marche progressive vers plus de “moralité, de lumières et de bien-être“,
    – elle reconnaît des droits et des devoirs antérieurs et supérieurs aux lois positives (droits naturels),
    – elle a pour principe la Liberté, l’Egalité et la Fraternité et pour base la Famille, le Travail, la Propriété, l’Ordre public,
    – elle protège les citoyens en leur reconnaissant des droits et ceux-ci ont des devoirs, notamment d’aimer leur Patrie, de servir la République, de participer aux charges de l’Etat, de travailler, de s’entraider, d’obéir aux lois morales et écrites,
    – elle interdit l’esclavage.

    Le régime présidentiel

    La Constitution de 1848 en revient au principe de la séparation rigide des pouvoirs avec un système représentatif reposant sur le principe de la Souveraineté nationale, bien qu’il soit dit dans l’article premier de la Constitution que “La souveraineté réside dans l’universalité des citoyens français” (principe de la Souveraineté populaire).

    I. Le Président de la République

    160. Il est élu, pour quatre ans, au suffrage universel direct. Il n’est pas immédiatement rééligible. Un vice-Président est nommé par l’Assemblée Nationale sur présentation du Président de la République, qu’il remplace en cas d’empêchement temporaire.
    Si la présidence devient vacante par, notamment, décès ou démission du Président, il est procédé dans le mois qui suit à une élection présidentielle.

    A la fois Chef de l’Etat et Chef du Gouvernement, le Président de la République :
    – nomme et révoque les ministres et les fonctionnaires (y compris les juges qui sont toujours inamovibles) sauf les juges de paix toujours élus,
    – il a l’initiative des lois, promulgue les lois et en assure l’exécution,
    – il veille à la défense de l’Etat et dispose de la force armée,
    – il négocie et ratifie les traités,
    – il fait présenter à l’Assemblée nationale des projets de lois par ses ministres.
    Ses actes sont contresignés par un ministre.

    Le Président de la République et son gouvernement ne sont pas politiquement responsables devant l’Assemblée nationale.

    Le Président ne peut être jugé que par la Haute Cour de Justice, sur accusation portée par l’Assemblée nationale, notamment en cas de haute trahison (crime politique sans signification réelle, la procédure étant destinée à éliminer “proprement” un adversaire).

    II. L’Assemblée nationale

    Unique assemblée parlementaire l’Assemblée nationale, 750 membres, est élue, pour trois ans, au suffrage universel direct, au scrutin de liste départemental.

    Elle dispose du pouvoir législatif, déclare la guerre et autorise la ratification des traités.

    L’Assemblée nationale ne peut pas être dissoute, et siège en permanence.
    Le Président de la République, qui peut demander une nouvelle délibération de la loi, ne peut pas refuser de promulguer les lois votées (pas de veto).

    Le 10 décembre 1848 Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er, est élu Président de la Deuxième République par 5.434.226 voix sur environ 7.500.000 votants.
    Le candidat républicain, qui a réprimé la révolution socialiste de juin, le général Cavaignac, n’obtient que 1.448.107 voix.

    Aux élections législatives du 13 mai 1849 la majorité est massivement monarchiste (450 sur 750 membres) mais divisée entre orléanistes et légitimistes.
    Elle refuse à Louis-Napoléon Bonaparte une réforme constitutionnelle qui lui permettrait de se représenter à la présidentielle de 1852.

     

    Le 2 décembre 1851 la République est renversée par un coup d’Etat (environ 300 morts) de Louis-Napoléon Bonaparte, qui est plébiscité par référendum (20-21 déc. 1851) par 7.436.216 oui contre 646.737 non.
    Ainsi est confirmé le fait que l’immense majorité des citoyens n’est toujours pas démocrate libéral

     

  4. Le Seconde Empire (1852-1870).

    Après la défaite de 1870, l’installation de la Troisième République n’est pas acquise d’emblée. Créée sous le règne d’une majorité parlementaire conservatrice, plutôt monarchiste et bonapartiste, elle va perdurer pendant près de soixante dix ans, sans véritable Constitution. C’est pourtant l’apogée du régime parlementaire. La Chambre des députés exerce une influence décisive sur l’action des gouvernements successifs. L’oeuvre de la Troisième République est considérable, aussi bien en matière d’instruction publique que du point de vue des libertés et de l’épanouissement d’une société démocratique. La Troisième République remporte la terrible épreuve de la Grande Guerre, mais elle succombe à la défaite militaire du 10 mai 1940.

    Proclamée le 4 septembre 1870, deux jours après la défaite militaire de l’Empire à Sedan, la République s’installe dans des conditions difficiles. Encore en guerre contre l’Allemagne, au printemps 1871, elle réprime l’insurrection de la Commune de Paris. Son avenir est alors incertain, car la majorité monarchiste de l’Assemblée nationale prépare une nouvelle Restauration.

    A partir de 1879, elle s’affirme et ses institutions sont appelées à être durables. La Troisième République se consacre à la transformation en profondeur du pays. S’inspirant des idéaux de 1789, elle établit la liberté d’opinion et d’expression des citoyens ; ceux-ci participent massivement aux élections qui rythment désormais la vie politique, grâce au suffrage universel. Les conditions d’une véritable égalité entre tous les Français sont réunies dès leur plus jeune âge : l’école sera, en effet, le plus solide des piliers de la République, qui émancipe l’individu tout en cimentant la nation autour des valeurs héritées de la Révolution Française : liberté, égalité et fraternité.

    Surmontant plusieurs crises politiques sérieuses, le boulangisme et l’affaire Dreyfus, la République paraît consolidée et sortie de son isolement diplomatique lorsque, résolue, elle fait face à la déclaration de guerre de l’Allemagne, le 3 août 1914. Mais il faut jeter toute la puissance du pays dans la guerre pour obtenir la victoire et le retour de l’Alsace et de la Lorraine, au prix de pertes humaines et matérielles considérables. De cette terrible épreuve, la France se remet difficilement. La République est finalement terrassée par la défaite de mai et juin 1940.


  5. La IIIème République (1870-1940).
    5.1 Naissance du régime: La Commune, victoire des républicains i la crise du 16 mai.
    Après la défaite de 1870, l’installation de la Troisième République n’est pas acquise d’emblée. Créée sous le règne d’une majorité parlementaire conservatrice, plutôt monarchiste et bonapartiste, elle va perdurer pendant près de soixante dix ans, sans véritable Constitution. C’est pourtant l’apogée du régime parlementaire. La Chambre des députés exerce une influence décisive sur l’action des gouvernements successifs. L’oeuvre de la Troisième République est considérable, aussi bien en matière d’instruction publique que du point de vue des libertés et de l’épanouissement d’une société démocratique. La Troisième République remporte la terrible épreuve de la Grande Guerre, mais elle succombe à la défaite militaire du 10 mai 1940.Proclamée le 4 septembre 1870, deux jours après la défaite militaire de l’Empire à Sedan, la République s’installe dans des conditions difficiles. Encore en guerre contre l’Allemagne, au printemps 1871, elle réprime l’insurrection de la Commune de Paris. Son avenir est alors incertain, car la majorité monarchiste de l’Assemblée nationale prépare une nouvelle Restauration.A partir de 1879, elle s’affirme et ses institutions sont appelées à être durables. La Troisième République se consacre à la transformation en profondeur du pays. S’inspirant des idéaux de 1789, elle établit la liberté d’opinion et d’expression des citoyens ; ceux-ci participent massivement aux élections qui rythment désormais la vie politique, grâce au suffrage universel. Les conditions d’une véritable égalité entre tous les Français sont réunies dès leur plus jeune âge : l’école sera, en effet, le plus solide des piliers de la République, qui émancipe l’individu tout en cimentant la nation autour des valeurs héritées de la Révolution Française : liberté, égalité et fraternité.Surmontant plusieurs crises politiques sérieuses, le boulangisme et l’affaire Dreyfus, la République paraît consolidée et sortie de son isolement diplomatique lorsque, résolue, elle fait face à la déclaration de guerre de l’Allemagne, le 3 août 1914. Mais il faut jeter toute la puissance du pays dans la guerre pour obtenir la victoire et le retour de l’Alsace et de la Lorraine, au prix de pertes humaines et matérielles considérables. De cette terrible épreuve, la France se remet difficilement. La République est finalement terrassée par la défaite de mai et juin 1940.

    Jaurès à la tribune

    Jaurès à la tribune © Assemblée nationale

     

     

    La guerre de 1870-1871 et la proclamation de la République

    L’annonce de la reddition de l’Empereur Napoléon III à Sedan, le 2 septembre 1870 et de la capitulation de l’armée déclenche l’action des républicains. La République est proclamée, le 4 septembre, comme en 1848, à l’Hôtel de ville de Paris. Les députés de Paris, notamment Jules Favre, Jules Ferry, Léon Gambetta et Jules Simon, forment un gouvernement provisoire, présidé par le général Trochu. Le Cabinet est composé de républicains modérés et de radicaux ; leur objectif est de poursuivre la guerre. Gambetta, sorti de Paris en ballon le 7 octobre 1870, anime la politique de défense nationale ; âme de la résistance en province, il organise, depuis Tours, la délivrance de Paris encerclé. Mais il échoue, alors que le maréchal Bazaine capitule, le 27 octobre, à Metz. Le 28 janvier 1871, le gouvernement provisoire est contraint de signer avec l’Allemagne un armistice de 21 jours. La convention d’armistice précise qu’une Assemblée nationale élue décidera de la conclusion de la paix ou de la reprise des hostilités. Les élections ont lieu le 8 février 1871, au scrutin de liste départemental majoritaire, conformément à la loi de 1849. L’Assemblée nationale, à majorité conservatrice, comprend 400 monarchistes, 250 républicains modérés et radicaux, 80 « centristes », 15 bonapartistes ; 225 nobles sont élus députés. Elle est réunie le 12 février, à Bordeaux, et confie à Thiers, le 17 février, la fonction de chef du pouvoir exécutif de la République française.

    La crise du 16 mai 1877

    Après les législatives des 20 février et 5 mars 1876, la Chambre des députés élue pour quatre ans dans le cadre des nouvelles institutions est composée d’une majorité de républicains. Jules Simon, républicain modéré, devenu Président du Conseil après la démission de Jules Dufaure considéré comme trop à droite par les députés, règle le problème des pouvoirs financiers des assemblées en précisant que si celles-ci ont des pouvoirs législatifs identiques, les lois de finances doivent être en premier lieu présentées à la Chambre des députés, c’est à dire avant le Sénat. Jules Simon doit faire face à une agitation de l’épiscopat appelant à une intervention de la France contre l’Italie et à un « retour » de Rome à l’Église catholique. Gambetta interpelle le gouvernement le 4 mai 1877 sur le danger qui menace la République : « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! » Il est acclamé par la gauche remobilisée. Après le vote d’une loi sur la presse, le Président de la République Mac- Mahon souhaite un changement de gouvernement.

    Le 16 mai 1877, dans une lettre au Président du Conseil, Jules Simon, le Chef de l’État lui demande s’il a le sentiment d’avoir toujours sur la Chambre des députés « l’influence nécessaire pour faire prévaloir ses vues. » Les députés républicains considèrent cette admonestation comme un abus de pouvoir contre le suffrage universel et la République. Jules Simon démissionne. Mac-Mahon désigne le duc Albert de Broglie comme son successeur, marquant ainsi un retour à une politique d’ordre moral. La Chambre des députés adopte, en réponse à son ajournement prévisible, un manifeste signé par 363 de ses membres. Mac-Mahon prononce la dissolution de la Chambre des députés, après avis conforme du Sénat le 25 juin. Les élections des 14 et 28 octobre sont un succès pour les républicains qui reviennent à 321, conservant la majorité des sièges et des voix (4,2 millions de suffrages en faveur des républicains, contre 3,6 pour les monarchistes et les bonapartistes).

    Gambetta avait prévenu au mois d’août : « Quand le pays aura parlé, il faudra se soumettre ou se démettre. » Après les élections cantonales du 4 novembre 1877 renforçant la gauche, Mac-Mahon remplace de Broglie par le général Gaëtan de Rochebouët, bonapartiste. Après le refus de la Chambre des députés de voter le budget, le 1er décembre, il se soumet. Il tente de composer en rappelant Dufaure comme Président du Conseil et dans un message aux chambres, il affirme qu’il ira au bout de son mandat et qu’il ne dissoudra pas une seconde fois la Chambre des députés. Le 6 janvier 1878, les élections municipales confortent encore les républicains. Le 5 janvier 1879, la gauche obtient 66 sièges contre 16 à la droite lors du renouvellement du tiers du Sénat, en plus de la majorité des municipalités, des conseils généraux et des deux tiers de la Chambre des députés. Au total le Sénat comprend 179 républicains contre 121 conservateurs. Le 30 janvier 1879 Mac-Mahon refuse de signer un décret de mise à la retraite de chefs militaires réputés royalistes et se démet. Le soir même Jules Grévy est élu Président de la République, par 563 voix sur 705 votants. Dans un message de remerciement à l’Assemblée nationale, il déclare le 6 février 1879 : « Soumis avec sincérité à la grande loi du régime parlementaire, je n’entrerai jamais en lutte contre la volonté nationale exprimée par ses organes constitutionnels. » Cette interprétation des institutions appelée la « Constitution Grévy » consacre la suprématie parlementaire. Elle consiste à renoncer à faire usage des prérogatives présidentielles fixées par le texte des lois constitutionnelles, notamment celle du pouvoir de dissolution, contrepartie de la responsabilité ministérielle, et à ne plus retenir que l’irresponsabilité politique du Président de la République.

    Les chambres quittent Versailles pour Paris en 1879. Le 14 juillet 1880 (le 14 juillet est devenu fête nationale par la loi du 14 février 1879) est l’occasion de l’amnistie des condamnés de la Commune. La crise du 16 mai se solde ainsi par l’avènement d’une République plus républicaine, par l’amoindrissement délibéré de la fonction présidentielle et la disparition, de fait, d’une prérogative présidentielle essentielle, celle du droit de dissolution.

    Une fois installée la République met en oeuvre des réformes fondamentales.

    Aux législatives de 1881 les trois quarts des sièges de la Chambre des députés sont conquis par les républicains. L’Union républicaine de Gambetta et la Gauche républicaine de Jules Ferry détiennent à elles seules la majorité. Les députés conservateurs sont très minoritaires. En 1885 les droites, légitimiste (soutenant les descendants de la branche aînée des Bourbons), orléaniste (soutenant les descendants de la branche cadette des Bourbons) et bonapartiste, perdent leur influence parlementaire. Les républicains se divisent entre opportunistes et radicaux ; représentés par Gambetta et Ferry ; les opportunistes estiment que l’idée républicaine doit faire son chemin, avant de pénétrer la société française au moment opportun ; les radicaux, tel Clemenceau, revendiquent le « maximum de République », prônent une laïcité offensive, l’impôt sur le revenu et sont opposés à la politique coloniale.

    De 1881 à 1885 la République des opportunistes est à son apogée. Les ministères sont instables, en raison de rivalités personnelles. Cependant on observe une stabilité des membres desgouvernements ainsi qu’en témoigne la longévité de Ferry et de Freycinet. Le « grand ministère » présidé par Gambetta ne dure que trois mois, à cause de l’inquiétude suscitée par ses projets. Mais Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique dès 1879, deux fois Président du Conseil, met en oeuvre la réforme de l’enseignement afin de mieux diffuser l’instruction publique, conformément aux principes du programme républicain de Belleville de 1869 : gratuité de l’enseignement primaire public, école obligatoire, laïcisation du personnel enseignant. Certaines mesures visent à une sécularisation de la société : fin du repos dominical obligatoire, légalisation du divorce (loi Naquet), laïcisation des cimetières, des hôpitaux et des tribunaux. Un processus de républicanisation de l’administration vise à rendre les institutions administratives et judiciaires conformes au suffrage universel. La loi du 30 août 1883 suspend l’inamovibilité des magistrats pendant une durée de trois ans. La loi du 4 mars 1882 met fin à la nomination des maires.

    L’enracinement de la République se matérialise dans la révision constitutionnelle menée à bonne fin en août 1884 par Jules Ferry. Le statut de sénateur inamovible est supprimé et « la forme républicaine du gouvernement ne peut faire l’objet d’une proposition de révision. » Mais la politique d’expansion coloniale est contestée par les radicaux d’autant que Jules Ferry ne cesse de demander des crédits à la Chambre pour les expéditions militaires à Madagascar, au Congo et au Tonkin. Le 30 mars 1885, Clemenceau provoque la chute du ministère à l’annonce du prétendu désastre de Lang Son à la frontière chinoise du Tonkin.

     

    5.2 Les grandes lois républicains i la crise boulangiste.

     

    L’établissement durable du régime républicain

    Rompant le pacte de Bordeaux, qui consistait à renvoyer à plus tard la question du régime, et qualifiant la République de « régime qui nous divise le moins », Thiers déclare fin 1872 à l’Assemblée : « La République existe, elle est le gouvernement légal du pays. » Les droites s’unissent autour d’Albert de Broglie contre Thiers et le 24 mai 1873 une interpellation est adoptée par 360 voix contre 344. Thiers démissionne. La majorité royaliste le remplace par le Maréchal de Mac-Mahon, désigné par 390 voix sur 721 présents, compte tenu de l’abstention de toute la gauche ; il s’agit de préparer le rétablissement de la monarchie. Le Comte de Chambord, petit-fils de Charles X, qui aurait pu régner sous le nom d’Henri V, refuse dans une lettre publiée le 30 octobre 1873 dans le journal monarchiste l’Union d’être « le roi légitime de la Révolution » et s’obstine à proclamer son attachement au drapeau blanc au lieu du drapeau tricolore : « Je ne peux consentir à inaugurer un régime réparateur et fort par un acte de faiblesse…Je veux rester tout entier ce que je suis ». Dans l’attente du décès du prétendant au trône et d’une éventuelle restauration de la monarchie en faveur du Comte de Paris, fils de Louis-Philippe, les monarchistes votent pour le septennat présidentiel proposé par le duc de Broglie qui appuie une politique d’ordre moral. C’est la République des ducs. Malgré des lois électorales d’inspiration conservatrice – la loi du 27 juillet 1872 supprime le droit de vote des militaires présumés républicains et la loi du 18 février 1873 modifie les conditions du scrutin – les républicains obtiennent de bons résultats lors des élections partielles. Mais l’élection dans la Nièvre d’un ancien écuyer de Napoléon III puis de cinq représentants du parti de Rouher fait craindre un retour en force des bonapartistes. Une conjonction momentanée des républicains et des monarchistes favorise la discussion des lois constitutionnelles à l’Assemblée nationale, plutôt qu’au sein d’une assemblée constituante dont l’élection aurait un résultat incertain.

    La discussion de la première des trois lois constitutionnelles, relative à l’organisation des pouvoirs publics, commence le 6 janvier 1875. Le texte initial ne contient même pas le mot de République. Le 30 janvier 1875, l’amendement présenté par Henri Wallon est adopté par 353 voix contre 352 : « Le Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale. Il est nommé pour sept ans ; il est rééligible. » L’amendement adopté à une voix de majorité devient l’article 2 de la loi du 25 février 1875 relative à l’organisation des pouvoirs publics. Les autre articles sont adoptés à des majorités plus larges. Le siège de la Chambre des députés, du Sénat et du pouvoir exécutif est à Versailles. Avant le vote de cette loi, s’engage la discussion d’un texte relatif à l’organisation du Sénat. Un compromis intervient en définitive, encore grâce à Henri Wallon, sur l’élection au suffrage indirect de 225 membres du Sénat, 75 sénateurs étant désignés à vie par l’Assemblée nationale. La loi est adoptée le 24 février par 435 voix contre 234 et, le lendemain, celle relative à l’organisation des pouvoirs publics. Le 16 juillet est adoptée la loi constitutionnelle sur les rapports des pouvoirs publics.

     

    La crise du boulangisme

    Plus grave pour la République s’avère la crise du boulangisme. En effet, l’aventure politique du général Boulanger menace la République modérée dans le contexte d’une crise parlementaire consécutive aux élections de 1885 au scrutin de liste. Les républicains obtiennent 383 sièges grâce à leur alliance électorale et leurs adversaires 201. Mais, trois groupes d’importance sensiblement égale s’organisent, isolant les opportunistes entre les conservateurs et les radicaux et favorisant l’instabilité ministérielle. Le gendre du Président Grévy, après la réélection de ce dernier en 1885, est impliqué dans le scandale d’un trafic de décorations exploité par le général Boulanger; le remplacement de Grévy par Sadi-Carnot, petit-fils du conventionnel, ne suffit pas à apaiser un mouvement d’antiparlementarisme. Ministre de la guerre dans le gouvernement Freycinet, le général Boulanger prend des mesures militaires à caractère symbolique et élabore un projet de réforme raccourcissant la durée du service militaire et supprimant les dispenses accordées aux ecclésiastiques, ce qui le rend populaire. Dans l’affaire Schnaebelé, commissaire préposé aux frontières arrêté par la police allemande, il fait preuve de fermeté. La libération de ce fonctionnaire, le 30 avril 1887, est obtenue par la négociation ; cependant elle apparaît due à l’action du général Boulanger, le « général Revanche », qui devient l’emblème du nationalisme. Boulanger reçoit une nouvelle affectation, ce qui suscite une manifestation à Paris visant à bloquer le départ de son train depuis la gare de Lyon. La situation dans laquelle a été placé Boulanger provoque une coalition des forces anti-républicaines. En mars 1888, il est mis à la retraite pour ses activités politiques. Son slogan et celui de ses soutiens devient : « Dissolution, révision, constituante ». Il triomphe lors d’élections partielles successives – jusqu’à la loi du 17 juillet 1889 les candidatures multiples sont admises – et notamment le 27 janvier 1889 à Paris, pourtant réputé pour être un fief républicain. Malgré les sollicitations de la foule et de ses proches, Boulanger hésite et renonce à marcher sur l’Élysée. Le gouvernement réagit : la Ligue des Patriotes, soutenant Boulanger et voulant secouer le « joug parlementaire », est dissoute. Les radicaux de la Chambre, sous l’impulsion de Clemenceau, et les opportunistes s’entendent contre la menace de coup d’État. Boulanger s ‘enfuit à l’étranger. Il est condamné par contumace par le Sénat siégeant en Haute Cour de justice. La loi du 13 février 1889 rétablit le mode de scrutin uninominal.

    Les élections législatives d’octobre et novembre 1889 confirment l’échec du boulangisme. La République se consolide. A la suite de la publication de l’encyclique Rerum Novarum du pape Léon XIII, exprimant la doctrine sociale de l’Église, de nombreux électeurs conservateurs s’abstiennent ou votent en faveur des républicains modérés aux élections de 1893. Une politique d’apaisement des relations entre l’État et l’Église est rendue possible. La conjonction des centres permet la constitution du gouvernement Méline, d’avril 1896 à juin 1898, que presque toute la droite soutient le 12 mars 1898 à l’occasion d’une interpellation sur la politique générale. C’est la République modérée qui dure de 1893 à 1898.

     

     

    5.3  L’Affaire Dreyfus

     

    L’affaire Dreyfus

    L’affaire Dreyfus, de 1894 à 1906, est une nouvelle épreuve pour la République, après le scandale de Panama qui rejaillit gravement sur certains dirigeants politiques et déclenche une vague d’antiparlementarisme et d’antisémitisme. Le capitaine Alfred Dreyfus est dégradé et condamné à la déportation à vie en Guyane, accusé d’avoir transmis des documents secrets à l’Allemagne après la découverte, dans une corbeille, d’un bordereau d’envoi aux services allemands de notes relatives aux activités militaires de la France. En 1896, une contre-enquête menée par le lieutenant-colonel Picquart du service de Renseignement établit la culpabilité du commandant Esterhazy et démontre la fabrication d’un faux accusant injustement le capitaine Dreyfus. Le 11 janvier 1898, Esterhazy est acquitté par un conseil de guerre. Le 13 janvier est publié dans le journal L’Aurore un article d’Émile Zola intitulé « J’accuse », visant à déclencher contre lui un procès et à démentir les propos tenus à la Chambre des députés par Jules Méline : « Il n’y a pas en ce moment, il ne peut pas y avoir d’affaire Dreyfus. » Zola est inculpé et condamné à un an de prison. Deux camps s’opposent dans le pays. En août 1898, une nouvelle enquête, ouverte par le Ministre de la guerre, établit qu’ un faux a en réalité été fabriqué par le commandant Henry, qui se suicide peu après en prison. Charles Maurras estime qu’il s’agit d’un faux patriotique ne remettant pas en cause la culpabilité de Dreyfus. L’émotion est particulièrement vive lorsque le capitaine Marchand reçoit l’ordre de quitter Fachoda sur le Haut Nil pour ne pas contrarier les intérêts anglais, alors que la Chambre des députés avait adopté les crédits de l’expédition par 482 voix, dont celle de Jaurès, au nom du « vote national », contre 22. Bien que la Cour de cassation ait cassé l’arrêt condamnant Dreyfus, le Conseil de guerre condamne cette fois Dreyfus, le 7 août 1899, à dix ans avec les circonstances atténuantes. Le 19 septembre 1899, le Président de la République, Émile Loubet, le gracie. Une loi du 27 décembre 1900, à l’initiative du gouvernement Waldeck-Rousseau, amnistie les faits se rattachant à l’affaire Dreyfus notamment les délits de presse, de réunion et d’association. La Cour de cassation annule sans renvoi le jugement du Conseil de guerre : l’innocence de Dreyfus est reconnue par la Cour de cassation mais seulement en 1906. Une loi du 19 juillet 1906 réintègre le capitaine Dreyfus au grade de lieutenant-colonel et une autre le lieutenant-colonel Picquart au grade de général de brigade.

    La République menacée est sauvegardée. L’affaire Dreyfus a eu pour effet un regroupement contre la droite nationaliste : l’alliance de Défense républicaine entre radicaux, radicaux-socialistes, républicains socialistes et socialistes. Elle a précipité le ralliement des socialistes indépendants, sous l’égide de Jaurès. L’affaire révèle un profond malaise. Elle fait apparaître au grand jour le racisme, l’antisémitisme et une nouvelle forme du nationalisme se caractérisant par le rejet de l’étranger et la crainte d’une dissolution de l’identité française, associée à un peuple et à une religion. Elle a aussi retardé la réconciliation entre les républicains et les catholiques. A partir de 1899, elle a déplacé l’axe de la majorité vers les radicau

     

    La République radicale

    De 1898 à 1914 c’est la République radicale. La discipline républicaine, c’est à dire le désistement entre les formations de gauche pour le candidat de gauche le mieux placé au deuxième tour est la règle. A la Chambre, l’alliance électorale est prolongée par la délégation des gauches. Du 22 juin 1899 au 3 juin 1902, Waldeck-Rousseau, Président du Conseil d’un gouvernement de défense républicaine, met fin à la politique d’apaisement de la République modérée. Il mène une politique de fermeté à l’égard des ligues. Il remanie le haut commandement militaire. La congrégation des Assomptionnistes est dissoute. La loi du 1er juillet 1901 reconnaît la liberté d’association. Les dispositions anti-cléricales introduites par le gouvernement sont renforcées par les chambres et les congrégations c’est à dire les associations de personnes qui s’unissent pour mener en commun la vie religieuse ou pour propager la religion doivent être autorisées par la loi et l’ouverture de chacun de leurs établissements par un décret.

    Après les élections d’avril et mai 1902, les radicaux l’emportent ayant à eux seuls presque autant de sièges que la droite. Émile Combes, devenu Président du Conseil, accentue la politique anti-cléricale de son prédécesseur. Seulement 5 congrégations sont autorisées et 3000 écoles catholiques sont fermées, en juillet 1902. La loi du 5 juillet 1904 accorde un délai de dix ans aux congrégations autorisées pour fermer leurs écoles. Les relations diplomatiques avec le Vatican sont rompues, le 30 juillet 1904. Puis l’affaire des fiches établies sur les opinions politiques des officiers supérieurs provoque la chute du ministère en janvier 1905. Aristide Briand fait voter la loi de séparation des Églises et de l’État (9 décembre 1905).

    Les élections des 6 et 20 mai 1906 sont gagnées par le parti républicain radical et radical socialiste. Le repos hebdomadaire est rétabli par la loi du 13 juillet 1906. Georges Clemenceau, le « tombeur de ministères », devient Président du Conseil en octobre. Il crée un ministère du travail qu’il confie à René Viviani, nomme Aristide Briand aux cultes et le général Picquart à la guerre. Il suspend les mesures d’inventaire.

    Le gouvernement de Georges Clemenceau engage un certain nombre de réformes. L’unification des retraites des cheminots est réalisée et la parité est établie dans les conseils de prud’hommes. Mais le projet d’introduction de l’impôt sur le revenu échoue. Clemenceau est confronté à une vague de grèves violentes et les réprime durement, se proclamant « le premier flic de France ». La révolte des vignerons du midi, des instituteurs et des fonctionnaires amène les socialistes à se désolidariser des radicaux. Clemenceau est renversé en juillet 1909. Entre 1909 et 1914, onze gouvernements se succèdent. Un débat se déroule sur le remplacement du scrutin uninominal par la représentation proportionnelle, mais le projet de réforme est rejeté par le Sénat.

     

     

    La montée des périls

    Les parlementaires sont divisés sur l’allongement de deux à trois ans de la durée du service militaire. Poincaré, qui défend le service de trois ans, est élu Président de la République en février 1913. Jean Jaurès défend le principe d’un service court. La loi des trois ans est adoptée en juillet 1913. Les élections de 1914 sont un succès pour les radicaux-socialistes et les socialistes qui n’ont pas toutefois la majorité. Mais René Viviani, socialiste, devenu Président du Conseil, accepte de ne pas soutenir l’abrogation de la loi des trois ans en obtenant des assurances sur l’introduction de l’impôt sur le revenu. La montée des périls internationaux, notamment la crise des Balkans, et le système d’automaticité des alliances rendent la guerre inéluctable. Après l’assassinat de l’héritier de l’Empereur d’Autriche à Sarajevo, la France mobilise le 1er août 1914, suivant son alliée, la Russie. Le 3 août, l’Allemagne entre en guerre. Dans son message au Parlement, le Président de la République Raymond Poincaré déclare que « la France sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l’ennemi l’Union sacrée. » La Chambre des députés vote à l’unanimité les pleins pouvoirs au gouvernement.

    L’opinion est sans doute résignée à l’annonce de la mobilisation. Mais les 3 600 000 soldats mobilisés, convaincus de l’agression allemande, sont résolus à entrer dans une guerre qu’ils croient courte. Ils sont confortés dans cette idée par la mise en congé du Parlement pour la durée des combats qui, estime-t-on doivent prendre fin à l’automne. L’Union sacrée trouve un large écho. Les divisions politiques et idéologiques sont mises entre parenthèses. Il n’est plus question d’appel à la grève générale ouvrière contre la guerre. Le 4 août 1914, en présence des présidents des chambres, Paul Deschanel et Antonin Dubost et des membres du gouvernement, Léon Jouhaux, secrétaire général de la C.G.T., déclare lors de l’enterrement de Jaurès assassiné le 31 juillet 1914: « Il criait sa haine de la guerre, du militarisme, de l’impérialisme, mais les responsables du conflit sont les empereurs d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie. Pour libérer les opprimés, pour réaliser l’entente entre les nations, il faut d’abord les vaincre et les châtier. » Les socialistes Jules Guesde et Marcel Sembat entrent au gouvernement. Maurice Barrès parle même de miracle au vu de la constitution du Comité de secours national auquel participent Ernest Lavisse, historien laïque, Jeanne Déroulède, fille de l’ancien président de la Ligue des patriotes, Maurice Pujo, de l’Action française, Léon Jouhaux et Louis Dubreuilh, secrétaire de la S.F.I.O.

    Les députés alsaciens et lorrains dans la cour d’honneur du Palais-Bourbon

    A la fin du mois d’août, les armées françaises sont contournées par le nord et la bataille des frontières est perdue. Le 3 septembre, le gouvernement quitte Paris pour Bordeaux. Des aménagements sont apportés à deux théâtres de Bordeaux en vue d’accueillir les chambres. Mais le général Joffre lance une contre-offensive. L’avancée allemande est stoppée grâce à la bataille de la Marne, du 6 au 13 septembre 1914. Après la course à la mer et la bataille des Flandres, la France s’installe dans une guerre de position.

    La première guerre mondiale

    Réunies en session extraordinaire, en décembre, les deux chambres décident de siéger en permanence jusqu’à la fin de la guerre, afin d’exercer un contrôle politique. A la Chambre des députés, le Président du Conseil René Viviani déclare : « Que [l’Allemagne] constate, une fois de plus, qu’en cette heure le Parlement français après plus de quatre mois , a renouvelé devant le monde le spectacle qu’il a offert le jour où, au nom de la nation, il a relevé le défi.(Toute la Chambre, debout, applaudit longuement.) Le Parlement a toute autorité pour accomplir à nouveau cette oeuvre. Il est depuis quarante-quatre ans à la fois l’expression et la garantie de nos libertés (Vifs applaudissements) ; il sait que le gouvernement accepte avec déférence son contrôle nécessaire (Nouveaux applaudissements), que sa confiance lui est indispensable et que sa souveraineté sera toujours obéie. (Très vifs applaudissements.) »

    La foule attendant l’arrivée des parlementaires, le 4/08/1914 © Piston / Excelsior – l’Equipe / Roger-Viollet

    Le contrôle sur les affaires militaires est souvent très relatif. L’état de siège décrété le 2 août 1914, confère d’importants pouvoirs de police aux autorités militaires et limite la diffusion de l’information. Les opérations militaires sont décidées par le Grand Quartier Général. Néanmoins une opposition s’exprime, par exemple, à l’encontre de Millerand, Ministre de la guerre, auquel il est reproché de laisser l’état-major trop étendre ses pouvoirs. En octobre 1915, René Viviani démissionne. Il est remplacé par Briand qui doit affronter les comités secrets au sein desquels des informations sont fournies, parallèlement aux travaux des commissions. Conformément à l’article 5 de la loi constitutionnelle du 16 juillet 1875 :« chaque chambre peut se former en comité secret sur la demande d’un certain nombre de ses membres fixé par le règlement. » Au cours de comités secrets, peuvent être évoqués par le gouvernement les questions relatives à la conduite de la guerre et à la direction des opérations militaires et de la politique étrangère. Par exemple Henry Franklin-Bouillon, député déclarait le 20 août 1915 : « Ce que je demande à M. le Président du Conseil, c’est de nous indiquer […], comme il nous en a donné l’assurance, le moyen pratique qu’il offre à la Chambre tout entière de connaître la vérité sur toutes les questions touchant à la défense nationale. » Le gouvernement doit donc concilier les exigences de secret du commandement militaire et les demandes des parlementaires tendant à exercer un contrôle politique de la défense.

    Le président du conseil et ministre de la guerre Georges Clemenceau s’exprime à la tribune de la Chambre des Députes

    En décembre 1916 le gouvernement Briand est remanié. Jules Guesde et Marcel Sembat n’en font plus partie ; Albert Thomas est ministre de l’armement et Lyautey est nommé à la guerre. En mars 1917 le gouvernement démissionne après le refus de Lyautey de fournir au comité secret de la Chambre des députés les informations demandées.

    Du point de vue militaire, 1916 est une année indécise et sanglante : les Allemands déclenchent la bataille de Verdun (l’enfer de Verdun coûte 360 000 hommes aux Français) et la riposte française de la bataille de la Somme est un échec.1917 est une année incertaine. Le chef d’état-major général, Nivelle, a pour objectif d’emporter le front allemand par une vaste offensive et c’est l’échec du Chemin des dames. Les mutineries et l’agitation sociale révèlent une crise dans le pays. Nivelle est remplacé par Pétain à la tête des armées du nord et du nord-est. Ce dernier rétablit l’ordre en améliorant la condition des poilus. Après la démission de Briand en mars 1917, puis de Ribot et Painlevé, Clemenceau , qui n’avait cessé de critiquer les gouvernements successifs dans son journal L’homme libre devenu, par bravade de la censure, L’homme enchaîné, redevient Président du Conseil. Son programme est clair : « Je fais la guerre ». Il préfère réunir de nombreux conseils de cabinet sous sa présidence, échappant ainsi à l’emprise de Poincaré qui préside les conseils des ministres. « Le Tigre » réprime les activités d’espionnage, engage des poursuites notamment contre Joseph Caillaux, traduit en Haute Cour de justice. Une loi du 10 février 1918 lui permet de diriger l’effort de guerre . Selon cette loi, des décrets peuvent, pendant la durée de la guerre et pendant les six mois suivant la fin des hostilités, « réglementer ou suspendre, en vue d ‘assurer le ravitaillement national, la production, la fabrication, la circulation, la vente, la mise en vente, la détention ou la consommation des denrées servant à l’alimentation de l’homme et des animaux. Les dispositions de la présente loi sont applicables aux décrets rendus pour le ravitaillement de la population civile en combustibles. Il pourra être, dans le même but, procédé par décret à la réquisition de la totalité de la flotte marchande. Les décrets rendus par application du présent article seront soumis à la ratification des Chambres dans le mois qui suivra leur promulgation. »

    Au début de 1918, la plupart des belligérants constatent leur épuisement. Mais il faut tenir jusqu’à l’intervention des troupes américaines. L’Allemagne renforcée par 700 000 hommes provenant du front russe prépare l’offensive. De mars à juillet, le maréchal Hindenburg et le général Ludendorff déclenchent la « grande bataille de France » : offensives du 21 mars (poche de Montdidier), du 9 avril sur Armentières, du 27 mai sur le Chemin des dames (poche de Château-Thierry), du 15 juillet sur la Marne et en Champagne. Paris est bombardé par un obusier géant. Mais les victoires allemandes ne sont pas décisives. Foch est devenu général en chef interallié depuis le 17 avril. L’unité de commandement s’est enfin imposée. Le 18 juillet une contre-offensive est déclenchée. C’est la seconde bataille de la Marne. Une série d’offensives contraignent les Allemands au repli et à l’armistice le 11 novembre 1918 à Rethondes.

    Clemenceau à la tribune de la Chambre des Députés, Lithographie, par René Rousseau-Decelle © Assemblée nationale

    En janvier 1919, Clemenceau, « le Père la Victoire » est désigné par acclamation président de la conférence de la paix qui aboutit à la signature du traité de Versailles le 28 juin 1919. La France recouvre l’Alsace et la Lorraine, perdues en 1871. Mais on dénombre 1 383 000 morts, 300 000 mutilés, 1 000 000 d’invalides, 600 000 veuves et 700 000 orphelins. Par ailleurs, la guerre a été essentiellement financée par l’emprunt et la dette publique atteint 220 milliards de francs en 1919. Le franc a perdu les trois quarts de sa valeur de 1914.

    La veuve du lieutenant André Thorne, député, recevant la croix de son mari lors d’une cérémonie aux Invalides

     

     

    Évolution sociale i cultural

     

Temps Modernes: la Renaissance

  1. Fiche de séquence
  2.  La Renaissance et les arts, La Renaissance : période d’innovation et de progrès scientifique, Les guerres de religion : sur les traces des protestants et de catholiques.
  3. Questionnaires

François Ravaillac est un maître d’école français et auteur du régicide né en 1577 à Angoulême1 et exécuté le 27 mai 1610 en place de Grève à Paris, pour l’assassinat d’Henri IV, roi de France, le 14 mai 1610.

4. Evaluation

5. Objectifs i Fiche.

Quand s’achève la guerre de Cent ans, la paix revient enfin dans presque toute l’Europe. Les savants de l’époque disent que le monde renaît : c’est pourquoi ils appellent le siècle où ils vivent la Renaissance. Au XVIème siècle, les humanistes (savants, peintres et architectes) redécouvrent l’Antiquité. Les humanistes sont *des personnes qui considèrent que l’être humain est ce qu’il y a de plus important. De très grands artistes, comme Léonard de Vinci et Michel – Ange vivent à cette époque en Italie, où ils travaillent grâce à la richesse du commerce et des banques. Dans ce pays, on construit de magnifiques maisons richement décorées. L’invention de l’imprimerie (en 1455 par Gutenberg) permet aux livres et à leurs idées nouvelles de se répandre plus facilement. Mais les gens qui savent lire sont encore très peu nombreux. La Renaissance se traduit aussi sous forme de peinture : La peinture de la Renaissance renoue avec l’Antiquité (mythologie, art antique, en particulier le nu) et s’appuie sur le mouvement intellectuel (humanisme, recherches philosophiques). Elle emploie de nouvelles techniques telles que la perspective ou le clair-obscur. Quelques points forts de la renaissance : Copernic démontre que la terre tourne autour du soleil Gutenberg « invente » l’imprimerie Rabelais écrit « Gargantua » Léonard de Vinci peint « la Joconde » Michel – Ange peint le plafond de la chapelle Sixtine Ambroise Paré arrive à ligaturer les vaisseaux sanguins

 

Château d’Azay-le-Rideau, 1518 [Renaissance française (à inspiration italianisante)] Le premier château médiéval d’Azay est construit aux alentours de 1119 par l’un des premiers seigneurs du lieu, Ridel (ou Rideau) d’Azay, chevalier de Philippe Auguste, qui édifie une forteresse défensive censée protéger la route entre Tours et Chinon. Région: Centre-Val de Loira.