LA GUERRE D’ALGÉRIE

Confronté á la radicalisation du nationalisme algérien, la France s’oposse à toute idée d’indépendance et refuse de quitter l’Algérie. La violence et la durée de la guerre qui s’engage en 1954 traduisent autant les difficultés des gouvernaments successifs à renoncer à l’empire que attachement des 900 000 pieds noirs à l’Algérie française.

 

Qu’est-ce qu’une guerre d’indépendance nationale?

Mai 1945       
Émeutes dans le Constantinois (Sétif) et en Kabyle durement réprimées.

1er novembre 1954  
Début de l’insurretion algérienne (toussaint rouge)

Mars 1956
L’Assemblée national vote le pouvoirs spéciaux à l’armée pour “rétablir l’ordre”

13 mai 1958
Manifestation à Alger contre la politique française en Algérie. De Gaulle revient au pouvoir.

Septembre 1958
Création au Caire du Gouvernament provisoire de la République algérienne (GPRA)

Janvier 1961
Référendum sur l’autodetérmination en Algérie

Avril 1961
Putsch des généraux Challe, Jouhaud, Zeller et Salan à Alger. Creation de l’Organisation Armée Secrète (OAS).

17 octobre 1961
Manifestation d’algériens à Paris: un centaine de morts sont retrouvés dans la Seine.

Février 1962
Manifestation anti OAS à Paris: huit morts et plus de 100 blessés.

18 mars 1962
Accords d’Évian mettant fin à la guerre.

Mai 1962
Exode massif des Européens d’Algérie.

5 juillet 1962
Proclamation de l’indépendance de l’Algérie.

 

Analyse d’un document

Déclaration du président du Conseil, Guy Mollet, à l’Assemblée nationale (9 mars 1956)

Aujourd’hui, il ne faut pas se dissimuler la réalité. Parce qu’elle compte huit millions de musulmans non assimilés, l’Algérie n’est pas une province française comme les autres, l’Artois ou la Normandie par exemple.

De même, parce qu’elle comprend aussi ce million de Français d’origine métropolitaine auxquels elle doit tout, l’Algérie ne peut pas être un État national musulman. Nous rejetons absolument la conception d’un État algérien qui ne correspond pas plus à une réalité historique qu’à une réalité ethnique […] Mais s’il ne s’agit que de rétablir l’ordre, pour en revenir à la situation antérieure, ou l’aggraver même dans le sens de l’injustice et du mépris à l’égard du musulman, alors, mesdames, messieurs, il y a erreur, pas avec nous !

De même, s’il fallait préparer l’avènement d’un État musulman indépendant d’Algérie, ce qui reviendrait à éliminer la population d’origine européenne, alors, tout aussi fermement, pas avec nous ! […]

Nous voulons à la fois assurer l’ordre et promouvoir les réformes […]

Dans le domaine militaire, des réformes radicales sont en cours. Les troupes seront mieux adaptées aux conditions de leur emploi.

Nous avons actuellement en Algérie le cinquième de l’armée française. Il est possible, j’en suis convaincu, de faire à la fois plus et mieux. Le gouvernement entend donner à l’armée sa pleine efficacité, mais il entend aussi – et il le prouvera – être compris et obéi à tous les échelons.

Le gouvernement assurera sans défaillance la sécurité des personnes et des biens, celle des habitants d’origine européenne comme celle des musulmans […]

Sur le plan économique et social et sur le plan des réformes administratives, vous connaissez nos intentions : effort massif d’investissements, réforme agraire, relèvement des salaires des travailleurs agricoles […]

Par une triple action militaire, sociale, diplomatique, la France entend témoigner de son esprit de justice, de sa résolution et de sa puissance de grande nation.

  1. Rédiger l’introduction.
    La réponse ets introduite par quelques phrases qui présentant rapidement le document en le remettant dans son contexte:
    -Qui est Guy Mollet?
    -À quelle occasion prononce-t-il ce discours?
    -Quelle est la situation en Algérie en mars 1956?
  2. Rédiger le développement
    -Chaque partie es organisée en sous-parties correspondant à una idée générale, illustrée par un ou des exemples qui peuvent ètre tirés des documents ou de vos connaissances.
  3. Rédiger la conclusion
    -La conclusion permet de faire la synthèse de l’analyse que vous venez de mener et de metre le document en perspective.

    “Ce discours de Guy Mollet illustre toutes les ambigüités de la position française face à l’insurrection en Algérie: Maniant la carotte et le bâton, le chef du gouvernement annonce à la fois une ample politique des réformes et la mise en place des pouvoirs spéciaux qui vont assurer a l’armée une quasi impunité dans le traitement des “rebelles”.Militairement victorieuse, la France perd néanmoins la guerre sur le terrain diplomatique. L’enlisement du conflit, l’utilisation de la torture par l’armée française et l’impopularité croissant de la guerre dans l’opinion, entraînent une prise de conscience des autorités. L’Algérie arrache finalment son indénpendance après une guerre de huit ans (1962)”

La première guerre mondiale 1914-1918

Pourquoi la guerre a t-elle éclaté en 1914 ?

Les alliances des pays européens en 1914

L’année 1914 voit la fin d’une période appelée « la Belle Epoque« , où deux camps se sont formés en Europe. En effet, à partir des années 1890, la course à l’expansion coloniale explose et entraîne des rivalités économiques, politiques et coloniales.Ce qui aboutit à la réalisation de systèmes d’alliance : la Triple Alliance est conclue entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie entre 1879 et 1882. En face la Triple Entente avec la France qui s’allie avec la Russie et le Royaume-Uni entre 1891 et 1914.

Les causes de la guerre sont avant tout une histoire de territoire : la France désire prendre sa revanche et récupérer l’Alsace et la Lorraine, perdues dans le conflit de 1870 avec la Prusse; l’Allemagne cherche à conquérir de nouveaux territoires comme les autres pays européens. En effet, la France et le Royaume-Uni ont de vastes colonies en Afrique et en Asie; Le Royaume-Uni s’inquiète du développement de la flotte allemande, qui menace sa prépondérance en mer; L’Empire austro-hongrois cherche à étendre son territoire vers les Balkans et veut donc annexer la Serbie, qui a l’appui de la Russie grâce à des liens culturels et politiques anciens.

Un événement met le feu aux poudres : le 28 juin 1914, l’archiduc François Ferdinand, héritier du trône de l’Empire austro-hongrois, en visite à Sarajevo est assassiné par un étudiant serbe nationaliste (hostile à l’annexion de la Serbie par l’Autriche Hongrie). Le 28 juillet, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie, qu’elle pense être impliquée dans l’assassinat. Aussitôt le jeu des alliances s’enclenche. La Russie entre en guerre aux côtés de la Serbie contre l’empire austro-hongrois. L’Allemagne prend peur de la mobilisation russe et française et déclare la guerre à la Russie le 1er août puis à la France le 3 août. Très vite, le conflit touche presque tous les pays d’Europe.

Comment se déroule cette guerre ?

En été 1914 le début de cette guerre est marqué par de grandes offensives : la guerre de mouvement commence. Les Allemands envahissent le nord de la France. Les troupes françaises les font reculer lors de la bataille de la Marne en septembre. Comme aucun camp ne remporte la victoire, à partir de l’hiver 1915, une nouvelle stratégie est mise en place. C’est la phase de la guerre de position qui dure 3 ans : les armées creusent des tranchées pour s’y enterrer et empêcher l’ennemi de progresser. De violents et longs combats s’engagent entre les deux camps à Verdun puis à la Somme.

En 1917 la lassitude s’installe et des mutineries et des désertions de soldats commencent au Chemin des Dames. Pour paralyser l’économie des pays de la Triple Alliance, la Triple Entente leur impose un blocus. L’Allemagne réplique, en lançant une guerre maritime, elle attaque de nombreux bateaux et sous-marins, dont ceux des Américains. Ce qui déclenche l’entrée des Etats-Unis dans le conflit du côté de la Triple Entente.

En 1918, la guerre de mouvement recommence. Les Allemands font une grande offensive à l’ouest. Cependant, ils ne peuvent résister à la contre-offensive de la Triple Entente, aidée des Américains. Menacée d’être envahie, l’Allemagne signe l’armistice le 11 novembre 1918 à Rethondes. Cette guerre laisse l’Europe dévastée et compte des millions de morts. La carte de l’Europe change : l’empire russe et austro-hongrois s’effondrent et de nouveaux Etats comme la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie voient le jour.

Vocabulaire :

la Belle Epoque = période historique qui se situe entre 1895 et 1914, où des progrès technologiques, économiques et sociaux apparaissent

annexer = un Etat prend possession d’un autre Etat

mettre le feu aux poudres = faire éclater / déclencher

une offensive =une attaque

la lassitude = une grande fatigue physique et morale

être dévasté(e) = détruit(e)

voir le jour = naître

la Marne, Verdun, la Somme et le Chemin des Dames = ce sont des villes au nord-ouest de la France

1946-1958 Le bilan fécond de la IVe République

1946-1958. Le bilan fécond de la IVe République [André Larané – herodote.net]

Fondée en 1946, à la suite de la Libération de la France, la IVe République demeure célèbre pour son instabilité gouvernementale (18 gouvernements de 1946 à 1958), ses ministères se succédant encore plus vite que sous la IIIe République (1870-1940).

Elle a néanmoins permis à la France de se redresser très vite et de se moderniser comme jamais auparavant (ni après)… Le même phénomène s’est observé dans l’Italie de l’après-guerre, avec un régime politique très semblable.

André Larané

La démocratie efficace

Paradoxalement, l’instabilité gouvernementale de la IVe République et le manque de charisme de ses dirigeants ont peut-être servi la modernisation du pays. C’est ce que suggère l’essayiste Jean-François Revel en 1992 dans une critique virulente de la Ve République gaullienne (L’Absolutisme inefficace).

La IVe République est un régime parlementaire dans lequel les députés imposent le chef de gouvernement (Président du Conseil) au président de la République.

Or, les députés sont élus à la proportionnelle sur des listes départementales, ce qui contrarie l’émergence d’une majorité parlementaire stable. Qui plus est, le régime doit composer avec de solides minorités parlementaires qui lui sont hostiles par principe : à gauche le Parti Communiste, à droite les gaullistes du RPF (Rassemblement du Peuple Français).

En conséquence, chaque fois qu’ils ont à résoudre un problème, les députés modérés de la « troisième force » (socialistes, démocrates-chrétiens et centristes divers) constituent une coalition de circonstance et un gouvernement ad hoc. Ils les dissolvent une fois le problème résolu, parfois au bout de quelques mois seulement. D’un gouvernement à l’autre, ce sont généralement les mêmes personnalités qui se succèdent, à des postes identiques ou différents. Cette formule très flexible a fait ses preuves si l’on s’en tient aux résultats.

Un bilan honorable

Le 21 octobre 1945, quelques mois après la Libération, est élue une Assemblée constituante, dominée par le PCF (communistes), la SFIO (socialistes) et le MRP (chrétiens-démocrates). Elle soumet au pays un projet de Constitution à forte connotation marxiste. À la surprise générale, il est rejeté à une très forte majorité, le 5 mai 1946. Une deuxième assemblée est élue le 2 juin et son projet constitutionnel approuvé par référendum le 13 octobre 1946.

Deux semaines plus tard, le 27 octobre 1946, les institutions de la nouvelle République prennent la place du Gouvernement provisoire né à Alger le 2 juin 1944.

Charles de Gaulle, qui aurait souhaité un régime à dominante présidentielle plutôt que parlementaire, n’a pas attendu cette échéance. Il a quitté le gouvernement le 20 janvier 1946. Le 16 janvier 1947, un an après son départ, un collège électoral élit le premier président de la IVe République, Vincent Auriol (63 ans).

Dans un premier temps, le régime respecte le tripartisme. Les communistes, qui représentent plus d’un quart de l’électorat, participent aux gouvernements jusqu’au 4 mai 1947, date à laquelle ils en sont exclus, à l’initiative du socialiste Ramadier, pour cause de guerre froide.

La Confédération Générale du Travail (CGT), centrale syndicale noyautée par le Parti communiste français, réagit au plan Marshall par une grève insurrectionnelle, en novembre 1947. Le ministre de l’Intérieur Jules Moch rappelle 800 000 réservistes pour y faire face ! On frôle la guerre civile. En 1948, la CGT doit admettre son échec. Dès lors, les communistes vont se joindre aux gaullistes pour déstabiliser le régime de toutes les façons possibles.

Malgré cela, la France accomplit de rapides progrès dans les domaines social et industriel. Le « plan Monnet » de 1947 permet à l’industrie de dépasser de 25% les meilleurs niveaux de production d’avant-guerre dès 1953, avec des taux de croissance annuels de 5 à 7% (record européen). Le pays multiplie les prouesses : modernisation de l’agriculture, pont de Tancarville, paquebot France, avions Caravelle et Mystère IV, barrage de Donzère-Mondragon, création d’un Commissariat à l’énergie atomique à Saclay, réacteur de Marcoule, exploitation du gaz de Lacq, premier calculateur de Bull…

Jean Monnet (encore lui !) convainc le ministre Robert Schuman de lancer (avec l’Allemagne !) le 9 mai 1950, la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA).

Antoine Pinay, Paris Match, n° 162, 19 avril 1952.

Le 8 mars 1952, comme l’inflation menace la croissance économique, le président Vincent Auriol appelle à la tête du gouvernement un inconnu, Antoine Pinay, maire de Saint-Chamond (Loire). En quelques mois, il rétablit la confiance des financiers et des consommateurs. Il fait notamment chuter les prix avec la complicité des grands magasins et lance un emprunt indexé sur l’or et défiscalisé, la rente 3,5%. Les souscriptions atteignent 428 milliards de francs !

Jean Monnet se console de l’échec de la Communauté européenne de défense avec le traité de Rome : le 25 mars 1957, six pays d’Europe occidentale dont la France signent ce traité qui fonde la CEE (Communauté économique européenne) à l’origine de l’actuelle Union européenne.

Succès et échecs de la politique coloniale

Le 19 décembre 1946, le Tonkin s’est soulevé à l’appel du parti communiste vietnamien de Hô Chi Minh, inaugurant les guerres de libération coloniales. Le 29 mars 1947, une insurrection éclate aussi à Madagascar. Mais, brouillonne, elle est réprimée avec brutalité sur le champ. Après la chute du nazisme, un rideau de fer a coupé l’Europe en deux. La France choisit résolument le camp occidental pro-américain en adhérant le 27 juillet 1949 à l’OTAN. Elle se réconcilie aussi avec l’Allemagne (de l’ouest) en l’accueillant le 9 mai 1950, dans la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA), une initiative de Jean Monnet et Robert Schuman.

La guerre d’Indochine se termine le 7 mai 1954 avec la chute du camp retranché de Diên Bên Phu. La conférence de Genève sur l’Indochine et la Corée, ouverte le 26 avril 1954, se clôture trois mois plus tard par le retrait définitif de la France d’Indochine. Les négociations sont menées à leur terme par Pierre Mendès France, président du Conseil et ministre des affaires étrangères (radical-socialiste).

Encouragés par les événements d’Indochine, les indépendantistes algériens du FLN déclenchent le 1er novembre 1954 leur guerre d’indépendance. C’est la « Toussaint rouge ». Le 20 août 1955, ils fomentent des émeutes sanglantes à Philippeville. Dans le même temps, Paris accorde une pleine indépendance au Maroc le 2 mars 1956 et à la Tunisie le 20 mars 1956.

Lorsque le président égyptien Nasser, solidaire des indépendantistes algériens, nationalise le canal de Suez le 26 juillet 1956, Français et Britanniques organisent le 5 novembre 1956 une opération aéroportée sur Port-Saïd sous le prétexte de protéger le canal. Ils devront se retirer presque aussitôt sous la pression conjuguée des Soviétiques et des Américains.

Mais voilà qu’en Algérie, le FLN en vient à commettre des attentats contre les civils, au cœur d’Alger. Le gouvernement de Guy Mollet donne alors les pleins pouvoirs au général Massu et à ses parachutistes pour y mettre fin. Très vite, journaux et intellectuels dénoncent le recours à la torture.

Après avoir liquidé les dossiers indochinois, marocain et tunisien, la IVe République s’apprête à en terminer avec la guerre d’Algérie mais une coalition de circonstance réunissant les partisans du général de Gaulle et des « pieds-noirs » extrémistes ne lui en laisse pas le temps. Elle provoque son renversement à la faveur d’un vrai-faux coup d’Etat le 13 mai 1958. C’est ainsi que le 28 septembre 1958, les Français votent par référendum pour une nouvelle Constitution…

La IVe République (1946-1958)

Cinquième République: MAI 68

[Wiquipedia] La Cinquième République, ou Ve République, est le régime politique républicain en vigueur en France depuis le . Elle a succédé à la Quatrième République, qui avait été instaurée en 1946. Elle marque une rupture par rapport à la tradition parlementaire de la République française dans la volonté de renforcer le rôle du pouvoir exécutif. Elle est régie par la Constitution du 4 octobre 1958, approuvée à une très large majorité par voie référendaire le  précédent. Elle a été mise en place par Charles de Gaulle, qui en est élu premier président.

Ce régime est qualifié de semi-présidentiel en vertu des pouvoirs accordés au président de la République. Le rôle central de ce dernier est consolidé par la légitimité découlant de son élection au suffrage universel direct, instaurée par référendum en 1962, ainsi que par l’alignement de la durée de son mandat sur celui de l’Assemblée nationale depuis 2002.

En place depuis 61 ans et 25 jours, la Cinquième République est le régime républicain français le plus stable après la Troisième République (1870-1940).

 

Les événements de mai-juin 1968, ou plus brièvement Mai 68, désignent une période durant laquelle se déroulent, en France, des manifestations d’étudiants, ainsi que des grèves générales et sauvages.

Ces événements, enclenchés par une révolte de la jeunesse étudiante à Paris, puis gagnant le monde ouvrier et la plupart des catégories de population sur l’ensemble du territoire, constituent le plus important mouvement social de l’histoire de France du xxe siècle.

Il est caractérisé par une vaste révolte spontanée antiautoritaire (« ici et maintenant »), de nature à la fois socialepolitique et culturelle, dirigée contre le capitalisme, le consumérisme, l’impérialisme américain et, plus immédiatement, contre le pouvoir gaulliste en place.

Les événements de mai-juin provoquent la mort d’au moins sept personnes1 et des centaines de blessés graves dans les affrontements, aussi bien du côté des manifestants que des forces de l’ordre.

Avec le recul des années, les événements de mai-juin 1968 apparaissent comme une rupture fondamentale dans l’histoire de la société française, matérialisant une remise en cause des institutions traditionnelles.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mai_68#Les_accords_de_Grenelle

https://education.francetv.fr/matiere/epoque-contemporaine/seconde/video/mai-68

 

https://www.lepoint.fr/societe/mai-68-explique-en-1-minute-25-05-2016-2042038_23.php

 

Mai 68 a été l’un des mouvements sociaux français les plus importants, que cela concerne les étudiants ou les ouvriers. Dans différents pays du monde, tels que l’Allemagne, le Brésil, l’Italie, la Tchécoslovaquie et le Japon, plusieurs manifestations d’étudiants ont également lieu ce même printemps. Mais c’est bien la France qui va connaître une grande révolte étudiante, et la plus grande grève générale depuis 1936.

CAUSES

Elles se situent à la fois sur le plan social, économique et culturel selon que l’on considère les revendications des étudiants ou celles des ouvriers.

Etudiants

Les jeunes condamnent l’impérialisme nord-américain face à l’atrocité de la guerre du Vietnam.

Ils s’opposent à la dégradation de leurs conditions matérielles : la vétusté et le manque d’universités par exemple.

Ils dénoncent la rigidité du pouvoir en général (absence de mixité dans les écoles, système des diplômes injuste, absence de libertés individuelles…

Ils découvrent également la très grande misère près des universités, notamment à Nanterre où il existe encore des bidonvilles.

Ils rejettent la société de consommation dans son ensemble.

La situation de guerre froide entre les capitalistes et les communistes fait naître des idées anti-nucléaires chez les jeunes.

Certains militants critiquent le PCF pour son manque de prise de position envers l’URSS quant à l’existence des goulags.

Quelques groupes de jeunes comme les scouts de France décrient la rigidité du Vatican (refus de la contraception…).

Ouvriers

Après la période euphorique des “30 glorieuses” qu’a représenté la reconstruction de la France après la seconde guerre mondiale, la France connaît une détérioration de sa situation économique : montée du chômage, baisse des salaires (les plus bas de la CEE)…

Dès 1967 et début 1968, les ouvriers font la grève et occupent des usines.

La classe ouvrière revendique une hausse de leur salaire et une diminution de la durée du travail (52 h par semaine à cette période).

Les ouvriers veulent mettre fin à l’autoritarisme des patrons.

Les ordonnances décrétées en 1967 sur l’aménagement de la sécurité sociale doivent selon eux être abrogées.

CHRONOLOGIE DES ÉVÈNEMENTS

22 mars 1968 : l’université de Nanterre est occupée suite aux arrestations de jeunes lors de manifestations contre la guerre du Vietnam. Certains se distinguent dès ce jour, comme Daniel Cohn Bendit, Serge July et Bernard Henri-Lévy. Ils revendiquent une liberté d’expression politique. Dès mars, des affrontements avec les forces de l’ordre ont lieu.

2 mai : suite à ces incidents, le doyen de l’université de Nanterre suspend les cours et ferme la fac de lettres.

3 mai : les étudiants quittent Nanterre et occupent la Sorbonne. Ils sont alors évacués de force par la police. Les étudiants réagissent en manifestant violemment contre les forces de l’ordre (jets de pavé, barricades, slogans…). Le quartier latin est en état de siège. Le recteur ordonne la fermeture de la Sorbonne. Bilan de ces affrontements : de nombreux blessés et des arrestations.

4 mai : les pro-chinois présents au début des évènements, se désolidarisent du mouvement jugeant que la situation a déjà été trop loin.

6 mai : le mouvement gagne les universités de province.

10 mai : nuit des barricades dans le quartier latin et affrontements contre les CRS.

11 mai : quelques paysans sont solidaires aux étudiants.

Après avoir critiqué le mouvement des jeunes, le PCF tente de rallier les ouvriers aux étudiants.

14 mai : la première grève dans une usine a lieu à Sud-Aviation près de Nantes.

Le 1er ministre, Pompidou exige que la police quitte la Sorbonne pour calmer la situation. Il propose la dissolution de l’Assemblée Nationale afin d’organiser les élections législatives. De Gaulle n’intervient pas.

16 mai : une cinquantaine d’usines dont Renault, sont occupés par les ouvriers.

25 mai : on dénombre neuf millions de grévistes (déjà 6 millions en 1936). Une grève générale paralyse la France puisqu’elle touche tous les secteurs (pénurie d’essence, téléphone, agriculture, lieux culturels…).

27 mai : les accords de Grenelle (négociations organisées par Pompidou) sont signés mais la grève continue.

29 mai : De Gaulle part en Allemagne pour y rencontrer le Général Massu.

30 mai : il dissout l’Assemblée Nationale.

Une marche a lieu pour soutenir le président et protester contre ce mouvement social.

mi-juin : la Sorbonne est évacuée. Le travail reprend presque partout en France.

30 juin : victoire des gaullistes aux élections législatives.

CONSÉQUENCES DE MAI 68

Amélioration des conditions de travail

Les accords de Grenelle ont amélioré les conditions de travail des ouvriers :

  • augmentation du SMIC de 35 % (600 F par mois), hausse de 10 % des salaires, création d’une section syndicale d’entreprise, 4ème semaine de congés payés.

Influences sur le plan socio-culturel

  • valorisation de l’individu, de sa créativité, refus de l’autorité, libération sexuelle avec l’arrivée des contraceptifs, du mouvement féministe MLF, qui permettra en 1975, la loi sur l’avortement, dénonciation des régimes communistes, à l’école, l’enfant peut désormais s’exprimer et participer aux décisions.

Influences sur le plan économique et social

  • création du système d’auto gestion d’entreprise, remise en cause de l’armée et du nucléaire, avec l’apparition de mouvements écologiques, sur le plan religieux, bouleversement dû au refus du Vatican de la contraception, au mouvement de prêtres ouvriers. On constate une diminution du nombre de pratiquants.

Les Français adoptent progressivement une position critique à l’égard de la politique et se méfient du militantisme politique. Lors du référendum sur la régionalisation par lequel le général De Gaulle veut décentraliser les lieux de décisions et modifier le rôle du Sénat, il promet de quitter la présidence si les français optent pour le “non”. Dès le résultat du référendum, De Gaulle part.

QUELQUES SLOGANS DE MAI 68

  • les murs ont la parole
  • CRS = SS
  • cours camarade, le vieux monde est derrière toi
  • la base doit emmener la tête
  • on ne revendiquera rien, on ne demandera rien, on prendra, on occupera
  • soyez réaliste, demandez l’impossible…

CONCLUSION

Mai 68 marque une ouverture brutale de la culture française au dialogue social et médiatique. C’est une étape importante dans la prise de conscience de la mondialisation de cette société moderne, et une remise en cause de la société de consommation.

La France pendant la Seconde guerre mondiale (1940-1944

France défaite et occupée : Vichy, collaboration, résistance

 

La défaite de 1940 et le regime Vichy

 

Le régime de Vichy (1940-1944)

La France en 1942 : //// État français //// État français, zone d’occupation militaire allemande //// Protectorats français [Wikipedia]

  1. La défaite et l’effondrement de la République (septembre 1939-juillet 1940).
  2. L’État français (mai 1940- août 1944).

La France libre et la Résistance (1940-1944).

  1. Les débuts de la France libre (18 juin 1940- sept. 1943).
  2. La Résistance.

La France et les Français pendant la guerre (1940-1944)

1923-1939

Les tensions politiques de l’entre-deux guerres : de la dictature de Primo de Rivera à la Seconde République (1923-1936).

Grave crise généralisée de 1917-1923. Deux périodes : une militaire 23-25, politique 25-30. Bataille d’Alhucemas 1925, répression du mouvement ouvrier et des nationalismes catalans et basque. Politique économique interventionniste. Inspiration du fascisme italien. Grands travaux.

 

 

La seconde République:  1931-39 Elections municipales avril 1931 : plébiscite Républicain. Exil du roi et proclamation de la République le 14 avril. 1931-33 : Biennio réformateur.

1933-1936 : Biennio conservateur.

Février 36 : Frente Popular. Mai-juillet : conflits sociaux. Chaos. 12 juillet : mort du Capitaine des gardes d’assaut. Mort de Calvo Sotelo, leader du parti catholique. Début de la Guerre [Pascal Riou]

TEXT:

Georges Clemenceau (8 mars 1918)

Georges Clemenceau, ministre de la Guerre et Président du Conseil, s’est présenté devant les députés le 20 novembre 1917 avec « l’unique pensée d’une guerre intégrale ». Sa détermination le conduit à s’impliquer directement dans la conduite des opérations militaires. Ce discours est prononcé cinq jours après le traité de Brest-Litovsk qui acte la défection de la Russie bolchévique ; sous l’impulsion de Clemenceau, le commandement unique des forces alliées revient au général Foch. Il dresse le portrait d’une France apaisée et tournée vers la victoire, alors que la guerre épuise la population et les soldats au front et que le jour même, des obus allemands ont touché le ministère de la Guerre. A l’issue de ce discours, il obtient la confiance par 374 voix contre 41.

M. Georges Clemenceau, président du Conseil, ministre de la Guerre : J’aurai voulu m’associer pleinement aux paroles de monsieur Renaudel et je l’aurais fait s’il n’avait cru devoir me mettre personnellement en cause pour m’accuser de crimes politiques déterminés : c’est ce sur quoi je tiens à m’expliquer.

D’abord, je n’ai pas à répondre de faits qui ne sont pas de mon administration : et je m’étonne que monsieur Renaudel, qui est déjà un vieux parlementaire, puisse sérieusement me demander de monter à la tribune pour justifier des actes dont je n’ai pas eu connaissance et dont je ne suis pas responsable.

Je n’ai pas à l’admettre. Je suis à la tribune pour discuter un point seulement, à savoir qu’on m’accuse de laisser faire des campagnes et qu’on m’en rend responsable. J’en suis bien fâché, vous êtes de grands libertaires, mais, pendant trois ans, vous avez vraiment pris un peu trop facilement l’habitude d’être protégés par la censure, tandis que vos adversaires ne l’étaient pas.

(Applaudissements sur divers bancs. Interruptions sur les bancs du Parti socialiste.)

J’ai connu un temps où ce même monsieur Léon Daudet, dont vous parlez aujourd’hui, me mettait en vedette d’ignominie et de honte, chaque jour, en tête de chaque numéro de son journal.

Non seulement la censure laissait faire, mais c’est moi qui étais blanchi par cette même censure. J’ai connu un temps où il ne m’était pas permis de rappeler sans être immédiatement écharpé, qu’avant la guerre et quelques jours même avant la guerre, vous votiez contre les crédits militaires. (« Très bien ! Très bien ! » à gauche et au centre.)

Je suis bien obligé de rappeler cela puisque vous me forcez à m’expliquer. Je ne suis monté à la tribune, ni pour engager des querelles, ni pour polémiquer ; mais enfin, puisque je suis perpétuellement attaqué à propos de faits que je n’ai pas connus et que je n’ai pas commis, il me sera bien permis de m’expliquer sur la doctrine du gouvernement. C’est pour exposer cette doctrine que j’ai demandé la parole, afin qu’il soit bien entendu, dans le vote que vous émettrez tout à l’heure – et qui sera un vote sur la confiance -, que les républicains continuent d’avoir confiance dans les libertés.

On fait des campagnes contre tel ou tel d’entre vous et vous vous en étonnez. Messieurs, voilà cinquante ans qu’on en fait contre moi. (Mouvements divers.)

Quand m’a-t-on entendu m’en plaindre en quelque manière que ce soit ? Il m’est arrivé de répondre, il m’est arrivé de dédaigner et de ne pas lire. Soyez sûrs que c’est encore le meilleur remède.

Aujourd’hui, vous me demandez sérieusement d’arrêter des campagnes contre telle ou telle personnalité.

Sur divers bancs du parti socialiste : Mais non !

[…]

M. le président du conseil : Je suis monté à la tribune pour vous poser une question de gouvernement Elle sera posée, malgré vous, contre vous ou avec vous, suivant ce que vous déciderez, mais elle sera posée et elle sera suivie d’un vote de chambre. (« Très bien ! Très bien ! »)

Je dis que les républicains ne doivent pas avoir peur de la liberté de la presse. (Applaudissements. Interruptions sur les bancs du Parti socialiste.)

N’avoir pas peur de la liberté de la presse, c’est savoir qu’elle comporte des excès. C’est pour cela qu’il y a des lois contre la diffamation dans tous les pays de liberté, des lois qui protègent les citoyens contre les excès de cette liberté.

Je ne vous empêche pas d’en user. Il y a mieux : il y a des lois de liberté (Interruptions sur les bancs du Parti socialiste) dont vous pouvez user comme vos adversaires ; rien ne s’y oppose ; les voies de la liberté vous sont ouvertes ; vous pouvez écrire, d’autres ont la liberté de cette tribune ; ils peuvent y monter comme vient de le faire l’honorable monsieur Painlevé. De quoi vous plaignez-vous ? Il faut savoir supporter les campagnes ; il faut savoir défendre la République autrement que par des gesticulations, par des vociférations et par des cris inarticulés. (Applaudissements au centre et à droite. Exclamations et bruits sur les bancs du Parti socialiste.)

Parlez, discutez, prouvez aux adversaires qu’ils ont tort et ainsi maintenez et gardez avec vous la majorité du pays qui vous est acquise depuis le 4 septembre.

Voilà la première doctrine que j’ai à établir,

[…]

La seconde, dans les circonstances actuelles, c’est que nous sommes en guerre, c’est qu’il faut faire la guerre, ne penser qu’à la guerre, c’est qu’il faut avoir notre pensée tournée vers la guerre et tout sacrifier aux règles qui nous mettraient d’accord dans l’avenir si nous pouvons réussir à assurer le triomphe de la France.

Je comprends très bien, comme on l’a dit que, malgré cette situation, on vienne ici traiter des affaires de trahison, parce que c’est une partie de la guerre. Un jour, monsieur Renaudel disait que le cri : « Nous sommes trahis ! » était un cri de lâcheté. Peut-être !

La révolution remporterait la victoire au cri de : « Nous sommes trahis ! ». Dans ce temps-là, il y avait sur la place de la Concorde … (Bruits et interruptions sur les bancs du Parti socialiste.)

[…]

… Dans ce temps-là, il y avait sur la place de la Concorde un instrument de concorde. (« Très bien ! Très bien ! ».)

Aujourd’hui, notre devoir est de faire la guerre en maintenant les droits du citoyen, en sauvegardant non pas la liberté, mais toutes les libertés. Eh bien ! Faisons la guerre.

Interrogez-nous sur les procès de trahison. Dites que nous avons mal agi, dites que les administrations qui m’ont précédé ont mal administré la justice. C’est votre affaire. Vous trouverez toujours quelqu’un pour vous répondre.

Je suis aujourd’hui en face d’événements qui se préparent et que vous connaissez tous, auxquels je dois faire front, sur lesquels il faut absolument que ma pensée soit courbée, je pourrais dire chaque heure du jour et de la nuit. Aidez-moi vous-mêmes, mes adversaires ! (Interruptions sur les bancs du Parti socialiste.)

Sur les bancs du parti socialiste : Nous n’avons pas le même but ! Vive l’homme enchaîné !

M. le président du Conseil : Alors, vous l’avez dit: « Nous n’avons pas le même but. » Je n’aurais pas voulu le croire.

Il m’est arrivé un grand malheur à la naissance de mon ministère. J’ai été frappé d’exclusive par monsieur Renaudel et ses amis, avant qu’ils sachent ce que je pourrais dire ou faire. Ils ont décidé, en vertu d’une noble science dogmatique, que j’étais un danger pour la classe ouvrière et pour la défense nationale.

[…]

Pour ce qui est de la défense nationale, j’estime que pour prononcer qu’un gouvernement est un danger pour la défense nationale, il serait nécessaire d’apporter des faits au lieu d’une opinion dogmatique qui n’est pas justifiée par les événements.

M. Antoine Drivet : Vous l’avez dit de vos prédécesseurs !

M. le président du Conseil : Qu’ai-je dit ?

M. Antoine Drivet : La même chose de vos prédécesseurs.

M. le président : Veuillez, je vous prie, ne pas troubler inutilement la discussion par des interruptions. Vous répondrez.

M. le président du Conseil : Je ne suis pas un danger pour la défense nationale parce que je ne puis avoir aucune ambition en ce monde ; rien d’autre ne m’est permis que le désir ardent d’aider, dans la mesure de mes forces, mon pays à sortir de la situation où il se trouve. (Applaudissements.)

[…]

Croyez-vous que ce soit pour le plaisir de subir vos malédictions, vos injures et vos outrages, écrits ou parlés, que je suis à cette tribune en ce moment ?

Si vous le croyez, je vous plains, je ne suis pas cet homme.

Et je vais vous dire toute ma pensée ; après vous me combattrez comme vous voudrez. À mesure que la guerre avance, vous voyez se développer la crise morale qui est la terminaison de toutes les guerres. L’épreuve matérielle des forces armées, les brutalités, les violences, les rapines, les meurtres, les massacres en tas, c’est la crise morale à laquelle aboutit l’une ou l’autre partie. Celui qui peut moralement tenir le plus longtemps est le vainqueur. Et le grand peuple d’Orient qui a subi historiquement, pendant des siècles, l’épreuve de la guerre, a formulé cette pensée en un mot :

« Le vainqueur c’est celui qui peut, un quart d’heurt de plus que l’adversaire, croire qu’il n’est pas vaincu. »

Voilà ma maxime de gouvernement. Je n’en ai pas d’autre. (« Très bien ! Très bien ! ».)

Au fond de toutes les lois de la nature humaine, il y a une formule très simple à laquelle il faut toujours finir par se rallier. Je suis entré au gouvernement avec cette idée qu’il faut maintenir le moral du pays.

Un membre sur les bancs du parti socialiste : Vous avez réussi !

M. le président du Conseil : Le moral est excellent. Vous n’êtes pas détenteurs d’une recette de morale qui vous soit particulière – c’est le grand malheur des églises -, car vous n’êtes qu’une église…

(« Très bien ! Très bien ! »)

M. Charles Bernard : Une petite église!

M. le président du Conseil : Messieurs toute ma politique tend à ce but : maintenir le moral du peuple français à travers une crise qui est la pire de toute son histoire.

[…]

Parmi nos actes, quels qu’ils soient, je vous défie d’en trouver un qui ne soit inspiré de cette unique pensée : sauvegarder l’intégrité de l’héroïque moral du peuple français. Cela nous le voulons, cela nous le faisons, cela nous continuerons à le faire.

Ce moral a été admirable, quoi que vous en disiez.

M. Joseph Brenier : Nous en sommes convaincus.

M. le président du Conseil : II n’en est pas moins vrai qu’il y a eu des heures où l’on n’aurait pas pu monter à cette tribune pour tenir le langage que je tiens. Je n’incrimine personne, ce n’était pas la faute des hommes, mais d’une situation générale sur laquelle je n’ai rien à dire. Mais, aujourd’hui, c’est une chose énorme pour le pays de pouvoir penser et lever la tête, regarder les amis et les ennemis les yeux dans les yeux, et de se dire :
«Je suis le fils d’une vieille histoire qui sera continuée, mon peuple a écrit, mon peuple a pensé, ce qu’il a fait. Nos neveux l’écriront, nos neveux le penseront. Nos neveux le feront. »

(Applaudissements.)

Voilà pourquoi je suis au gouverne­ment et pas pour autre chose. Le moral de nos soldats fait l’admiration de leurs officiers, comme de tous ceux qui vont les voir. Pas d’excitation, une sérénité d’âme au-dessus de l’étonnement, des propos tranquilles et gais, un bon sourire de confiance, et quand on parle de l’ennemi, un geste auquel s’ajoute quelquefois une parole qui fait comprendre que tous ces efforts viendront s’épuiser devant le front français. (Applaudissements.)

Et les parents de ces hommes, les pères, les mères, nous les connaissons : stoïques eux aussi. Pas de plaintes, pas de récriminations. Que la paix publique ait pu être maintenue comme elle l’a été pendant quatre ans, c’est à l’éloge, je le dis, des gouvernements précédents. (« Très bien ! Très bien ! ») Et aussi du peuple français lui-même. (Applaudissements.)

Cela, il faut le continuer, mais il y a peut-être des milieux où cela est devenu plus difficile qu’autrefois.

Il y a l’excuse de la fatigue, des mauvaises paroles, il y a l’excuse des propos semés par des agents de l’ennemi ; il y a l’excuse de la propagande allemande. Mais malgré tout cela, le moral des Français est immuable. Les civils ne sont pas au-dessous des poilus. (Applaudissements.)

Eh bien, messieurs ! Voilà quatre mois que nous sommes au pouvoir. Je ne veux pas m’attribuer le mérite de ce résultat ; je n’en ai pas un instant la pensée, mais nous avons peut-être concouru à le maintenir, à l’aider, en tout cas. Moi et mes collègues, j’en suis bien sûr, nous nous y sommes tout uniquement consacrés. Je ne viens pas vous demander l’ordre du jour de confiance ; je ne le ferai que parce que vous m’y obligez. Aujourd’hui, je serais resté à mon banc si vous ne m’aviez pas provoqué ; je ne serais pas monté à cette tribune ; j’y monte.

Mais, au moins, ne vous prononcez pas contre moi parce qu’il y a je ne sais quelle histoire de dossier égaré dans tel ou tel tiroir, dans tel ou tel bureau. Ayez le courage de votre opinion, dites pourquoi vous votez contre moi. Vous votez contre moi parce que vous voulez la guerre sans doute, mais pas par les procédés qui sont les miens. J’aurai le courage d’aborder ce point avant de finir. On dit : « Nous ne voulons pas la guerre, mais il faut la paix le plus tôt possible. »

Ah ! Moi aussi, j’ai le désir de la paix le plus tôt possible et tout le monde la désire. Il serait un grand criminel celui qui aurait une autre pensée, mais il faut savoir ce qu’on veut. Ce n’est pas en bêlant la paix qu’on fait taire le militarisme prussien. (Vifs applaudissements à gauche, au centre et à droite.)

Tout à l’heure, monsieur Constant me lançait une petite pointe sur mon silence en matière de politique étrangère. Ma politique étrangère et ma politique intérieure, c’est tout un. Politique intérieure, je fais la guerre ; politique étrangère, je fais la guerre. Je fais toujours la guerre. (Applaudissements sur les mêmes bancs. Mouvements divers.)

 

LES GRANDES DATES DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE :

LES GRANDES DATES DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE :

1914

28 juin : L’Archiduc héritier de l’empire austro-hongrois est assassiné à Sarajevo
28 juillet : L’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie
31 juillet : Jean Jaurès est assassiné à Paris
1er août : Mobilisation générale décrétée en France et en Allemagne.
3 août : L’Allemagne déclare la guerre à la France
4 août : Le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne – Message de Raymond Poincaré : L’Union Sacrée
28 – 30 août : Combats dans la Somme pendant la retraite française
2 septembre : Les Allemands atteignent Senlis – Le gouvernement quitte Paris pour Bordeaux
22-27 septembre : Combats de la course à la mer se déroulant au Nord de l’Avre jusqu’au Nord d’Albert (dans la Somme)

1915

Blaise Cendrars combat dans la Somme
15 février : Début de la tentative de percée en Champagne
25 février : Début de l’opération des Dardanelles
22 avril : Première utilisation de gaz asphyxiant à Langemark près d’Ypres
23 mai : Entrée de l’Italie dans la guerre aux côtés des Alliés
25 septembre : Début de la 2ème tentative de percée en Champagne et de la 3ème percée en Artois
Décembre: Conférence interalliée au G.Q.G. de Joffre qui préconise une offensive massive sur la Somme

1916

21 février : Début de la bataille de Verdun
19 mai : En raison de l’attaque allemande à Verdun, Joffre réduit la participation française dans la Bataille de la Somme qui se prepare.
24 juin : Début de la préparation d’artillerie pour la Bataille de la Somme
29 juin : A cause de la pluie et d’une preparation insuffisante, l’attaque est reportée.
1er juillet : Début de la bataille de la Somme : Échec total au Nord, plus de succès au Sud : les Britanniques prennent Mametz et Montauban. Les Français progressent. 57 470 Anglais sont tués.
18 novembre : Fin de la bataille de la Somme – Mort de François-Joseph
18 décembre : Fin de la bataille de Verdun : 240 000 Allemands et 275 000 Français sont tués
25 décembre : Le général Joffre, nommé maréchal de France, est remplacé par le général Nivelle à la tête des Armées françaises – Restauration de la conscription en Angleterre Levée de tous les hommes de 17 à 60 ans en Allemagne

ZOOM SUR LA BATAILLE DE LA SOMME : L’OFFENSIVE DE L’ÉTÉ 1916

1er juillet : Début de la bataille de la Somme : Échec total au Nord, plus de succès au Sud : les Britanniques prennent Mametz et Montauban. Les Français progressent. 57 470 Anglais sont tués.
14 juillet : 2ème attaque d’envergure. Les Britanniques visent la 2ème ligne allemande sur un front plus restreint. Les Sud-Africains attaquent au Bois Delville (Somme). Bataille d’usure.
23 juillet : Attaque britannique de Guillemont (Somme) à Pozières (Somme), pris par les Australiens le 25. 3 août : « Le Feu » d’Henri Barbusse commence à être publié en feuilleton dans « L’oeuvre.
3 septembre : Attaque générale alliée depuis la rivière Ancre jusqu’à Chilly. Les Britanniques s’emparent de Guillemont (Somme), les Français de Soyécourt (Somme).
5 septembre: Les Canadiens relèvent les Australiens devant la ferme du Mouquet.
9 septembre: Ginchy est pris définitivement par la 16e division irlandaise.
15 septembre : Des chars d’assaut sont utilisés pour la première fois par les Anglais
5 septembre: 3ème grande poussée avec la première apparition des chars dans la bataille entre Courcelette et Flers
26 septembre: Début d’une offensive générale franco-britannique, de Martinpuich à la rivière Somme. Thiepval et Combles sont aux mains des Alliés.
7 octobre: Offensive alliée de Courcelette à Bouchavesnes. Les Britanniques se rendent maîtres de Le Sars. La pluie ralentit la progression des troupes. Guerre d ‘usure.
18 novembre : Fin de la bataille de la Somme.

1917

8 janvier : Début de la première vague de grèves en France
8 au 12 mars : Première révolution russe
16 mars : Retrait volontaire des Allemands sur la ligne Hindenburg après avoir systématiquement détruit les régions abandonnées.
2 avril : Entrée en guerre des États-Unis
16 avril : Début de l’offensive du Chemin des Dames – Première utilisation des chars d’assaut français
15 mai : Le général Pétain à la tête de l’armée française – Mutineries dans l’armée française
6 novembre : Les Bolcheviks s’emparent du pouvoir
16 novembre : Clemenceau, président du conseil

1918

21 mars : Offensive allemande en Picardie
23 mars : Début des bombardements de Paris par la « Grosse Bertha »
26 mars : Conférence de Doullens, le principe d’une coordination entre les commandements allés est établi
27 mai : Offensive allemande sur le Chemin des Dames
15 juillet : Offensive allemande en Champagne
18 juillet : Contre-offensive française – deuxième bataille de la Marne
8 août : Offensive en Picardie – début de l’offensive générale alliée
Octobre : Apogée de l’épidémie de grippe espagnole
9 novembre : Abdication de l’empereur Guillaume II – Proclamation de la République allemande
11 novembre : L’Allemagne signe l’armistice

1919

28 juin : Signature du traité de paix avec l’Allemagne dans la galerie des glaces du château de Versailles
14 juillet : Défilé de la victoire à Paris

1920

11 novembre : Le soldat inconnu à l’Arc de Triomphe

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La guerre a coûté cher aux grandes puissances européennes.
Les detructions et les pertes en vies humaines vont avoir de lourdes conséquences pour les vainqueurs comme pour les vaincus.