L’oiseau

FRANÇAIS                               CATALÀ                                OCCITÀ

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Homme oiseau noi. Point Cadres SCULPT025
 

 

                                                                   L’homme oiseau noir. Point Cadres. SCULPT025

 

Y’a pas de jour y’a pas d’heure y’a pas d’endroit

Où que tu sois tu te sens enfin arriver chez toi

Le bonheur te sort de partout

T’as envie de le crier comme un fou

De grimper sur les toits

Tu te sens belle tu te sens beau

Tu te sens homme ou femme oiseau

Comme c’est bon d’arriver chez soi

La folie te gagne et s’empare de toi

T’as envie de dire au monde ta folie c’est quoi
C’est là que tu sors tes pinceaux que tu t’assis au piano

Tu te trouves un bout de bois

Puis tu l’attaques respectueusement au couteau

Tu te mets à danser

Tu dis à ton corps laisse-toi aller

Tu t’assis pour écrire t’as des choses à raconter

Y faut que ça swing y faut que ce soit beau

Y faut que ça dise c’est quoi

Mon homme ma femme oiseau

Les mots bondissent sur le papier

Le corps danse et se réjouit

Les copeaux de bois volent au grand vent

Les notes jaillissent du piano

Les couleurs envahissent la toile
Dans l’élan de l’oiseau

Tu regardes ton ébauche

Puis tu trouves ça beau

Tu te donnes une bonne tape sur l’épaule

T’es content de toi t’as bien travaillé

Tu te sens en pleine grossesse

D’une grande œuvre tu vas accoucher
Le lendemain le délire est passé puis le rire aussi

Tu regardes ce que t’as fait

Tu te sens pas mal défait

C’est quétaine c’est laid

C’est pas ça que j’voulais faire

J’ai passé à côté

Ça me donne juste envie de brailler

Je voudrais tout sacrer là

Sortir de ma peau être juste un oiseau

Maudit pourquoi cette folie-là

Pourquoi ça ne veut pas sortir comme j’aurais envie de le dire

Des fois j’aurais juste envie de d’être plus là
Voyons bonne femme voyons bonhomme

Ressaisis-toi

C’est pas la mort d’un homme ça fait partie du métier

De toute façon tu sais que tu ne peux pas t’en passer

Va te promener dans la grande nature laisse-toi aller
Et puis là tu pars

Y’a pas de jour y’a pas d’heure y’a pas d’endroit

Tu sens l’air tu sens le vent

Tu regardes couler la rivière

Tu te promènes dans les champs

Tu regardes tomber la pluie

Et puis tu vois le sourire d’un enfant

Petit à petit tu te sens mieux

Petit à petit tu te sens bien

Tu sens revenir ton oiseau

Il vole moins haut qu’hier

Mais tu le sens toujours beau

Tu as hâte de te remettre à travailler

Tu sors tes pinceaux

Tu t’assis au piano

Tu sors ton bout de bois puis tu affiles tes couteaux

Tu remets la musique tu te prépares à danser

Tu t’assis pour écrire

T’as un grand sourire

Tu sais que ce sera long tu ne sais pas combien de temps

C’est ça que tu veux vivre

C’est pas autrement

L’oiseau monte descend disparaît

Mais revient heureusement
Y’a pas de jour y’a pas d’heure y’a pas d’endroit

Oiseau tu dois sortir

Dans mon corps tu te sens à l’étroit

Oiseau y’é temps de te laisser aller

T’es pas le plus beau mais t’es en pleine santé
Tiens je te le donne

Prends-lé

C’est pas le plus beau

Mais c’est mon oiseau à moi

Pis ça me fait plaisir de te le donner

Tiens prends-lé
Par : André Legault,

Un poème du recueil LE RETOUR DE JEAN RÊVE, publié aux éditions GID en 2012